Une soirée littéraire et musicale est organisée en mémoire de Ugnė Karvelis le 10 février 2024 à 18h00 au Centre tchèque de Paris, 18 rue Bonaparte, avec Martynas Švėgžda von Bekker (violon) et Darius Mažintas (piano).
Rappelons qui était Ugnė Karvelis, décédée à Paris il y a 22 ans, le 4 mars 2002 ! Éditrice, critique littéraire, traductrice et romancière, elle a consacré une partie de sa vie à la diffusion de la culture lituanienne en France. Née le 13 juin 1935 à Noreikiškės, près de Kaunas, elle est issue d’une famille de l’élite lituanienne de l’entre-deux-guerres : son père, Petras Karvelis, docteur en droit, homme d’affaires et banquier, fut ministre des Finances et chef de parti, tandis que sa mère, Veronika Bakštytė, docteur en philosophie, se distingua comme dirigeante de l’Union des femmes catholiques de Lituanie. Avec l’annexion de la Lituanie à l’URSS en 1940, la famille Karvelis émigra en Allemagne, où la petite Ugnė fut inscrite au pensionnat du Sacré Cœur à Berlin. De 1942 à 1944, elle est élève au Gymnase Aušra de Kaunas, et, de 1945 à 1950, à l’École française de Tübingen, puis en pensionnat à Strasbourg. De 1951 à 1952, elle s'inscrit à la Sorbonne et, de 1952 à 1956, à l’Institut d’Études Politiques de Paris, en section de relations internationales. De 1957 à 1958, elle suit des cours d’histoire et d’économie à l’université Columbia à New York. Dès 1955, elle travaille au service international de L’Express et, de 1959 à 1983, aux éditions Gallimard, où elle dirige la collection Amérique latine. Elle contribue ainsi à faire publier en France des écrivains comme Alejo Carpentier, Julio Cortazar (dont elle fut l’épouse durant les années 70), Carlos Fuentes, Pablo Neruda, Octavio Paz et Mario Vargas Losa mais aussi Milan Kundera et Vassilis Vassilikos. Son premier retour au pays natal remonte à 1988, en pleine perestroïka et renaissance nationale en Lituanie. En novembre 1991, elle fait partie de la délégation officielle de la Lituanie qui est accueillie comme nouveau membre de l’Unesco. Elle est nommée cette année-là par le ministère français de la Culture comme Commissaire générale de la Saison Balte, vaste programme de manifestations culturelles à travers toute la France consacrées aux trois Pays baltes. En 1993, Ugnė Karvelis devient la déléguée permanente de la Lituanie auprès de l’Unesco à Paris, où elle déploie une activité débordante en faveur de son pays. Sous son impulsion, le centre historique de Vilnius et l’isthme de Courlande sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité de l’Unesco. Elle agit auprès du gouvernement français pour que le statut d’observateur soit accordé à la Lituanie au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Par ailleurs, pendant la décennie 1990, elle traduit en français et fait publier des textes de plus de vingt écrivains et poètes lituaniens parmi les plus importants : des classiques comme Kristijonas Donelaitis et Maironis et des auteurs du XXe siècle tels Jonas Aistis, Juozas Aputis, Juozas Erlickas, Ričardas Gavelis, Sigitas Geda, Almis Grybauskas, Jurga Ivanauskaitė, Marius Ivaškevičius, Antanas Jonynas, Saulius Tomas Kondrotas, Justinas Marcinkevičius, Marcelijus Martinaitis, Eduardas Mieželaitis, Nijolė Miliauskaitė, Salomėja Nėris, Valdas Papievis, Gintaras Patackas, Judita Vaičiūnaitė, Markas Zingeris. Enfin, elle est également à l’origine de la première exposition française entièrement consacrée au plus grand peintre lituanien, M.K. Čiurlionis, au Musée d’Orsay à Paris, en 2000-2001. Depuis juin 2005, l'école secondaire de la petite ville d'Akademija, près de Kaunas et de son village natal, porte son nom. Notons que la pierre tombale de sa mère, décédée et enterrée à Strasbourg, est une œuvre du grand sculpteur lituanien Antanas Mončys.
https://lt.wikipedia.org/wiki/Ugn%C4%97_Karvelis
http://www.cahiers-lituaniens.org/EDEL-Moncys-n-20-2021.pdf