En 2008, deux paléontologues polonais, Tomasz Sulej et Grzegorz Niedźwiedzki, ont découvert en Silésie les fossiles d’une nouvelle espèce de thérapsides, soit une lignée ancestrale des mammifères. L’animal vivait entre 210 et 205 millions d’année avant notre ère et avait la taille d’un éléphant (photo). La tradition des naturalistes veut que l’on dédie le nom d’une nouvelle espèce pour la science aux personnes illustres ou proches aux découvreurs. Lors de leur description de l’espèce en 2019, les paléontologues l’ont dédiée à Louis Henri Bojanus (1776-1827) en reconnaissant les mérites de ce savant alsacien qui travailla près de 20 ans à l’Université de Vilnius pour la paléontologie et ses recherches des animaux disparus. Ainsi l’espèce porte le nom Lisowicia bojani (Sulej & Niedźwiedzki, 2019).
Ce n’est pas seul animal dédié à Bojanus. En 1825, Johann Friedrich von Eschscholtz (1793-1831), professeur à l’Université de Dorpat, médecin naturaliste et voyageur célèbre pour ses deux voyages autour du monde, décrivit dans une relation de voyage publiée dans Isis, la revue dont Bojanus fut un proche collaborateur, une nouvelle espèce d’hydrozoairequ’il appela Eudoxia bojani. Aujourd’hui, son nom est Diphyes bojani (Eschscholtz, 1825). Plus tard, en 1834, le paléontologue allemand Herbert von Meyer (1801-1869) découvrit et décrivit en Bavière les restes fossiles d’un grand cerf. Il créa un nouveau genre-type qu’il nomma pour la science : Palaeomeryx bojani (Meyer, 1834). Ces dénominations, reconnues par les scientifiques du monde entier, prouvent que la mémoire de Bojanus perdure toujours, près de deux siècles après sa mort.
> Pour en savoir plus : Piotr Daszkiewicz, PatriNat (Muséum national d’Histoire naturelle, OFB, CNRS, IRD) piotr.daszkiewicz@mnhn.fr