02 mars 2011

Villes baltiques, une mémoire partagée

Le numéro 11/2010 de la Revue germanique internationale, récemment paru, est entièrement consacré aux territoires situés à proximité de la mer Baltique, répartis actuellement entre la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie et la Russie. Ces territoires ont été dans la longue durée des lieux de passage, des mosaïques d’ethnies. Ils sont désignés par des mots dont la charge poétique est devenue plus évidente que leurs contours géographiques : la Courlande, la Livonie, la Semigalle... Les mêmes lieux portent plusieurs noms selon la période historique, la perspective nationale ou confessionnelle considérée : Vilnius, Vilna Wilno – Klaipeda, Memel – Tallinn, Reval – Jelgava, Mitau – Tartu, Dorpat, Derpt, Louriev – Kaliningrad, Königsberg. Cette pluralité de noms est le signe d’une appartenance plurielle. Riga à l’époque de Herder, Königsberg à l’époque de Kant, Reval, Dorpat furent sinon des capitales culturelles, du moins des cités de fort rayonnement dans l’histoire intellectuelle allemande mais aussi le cadre où se développèrent d’autres cultures nationales. Même lorsqu’ils étaient sujets du tzar et jouaient un rôle de premier plan dans l’administration russe les Allemands de la Baltique ont vécu dans une situation d’échanges permanents avec les États allemands et ont longtemps assuré un contact suivi entre la Russie et les pays germaniques. Étudier les villes de la Baltique dans leur complexité de mosaïques culturelles, de stratifications spectaculaires qui les caractérisait jusqu’à la Seconde guerre mondiale, c’est aborder une des pages les plus riches des transferts entre l’histoire allemande et celle des cultures voisines au nord-est de l’Europe. Editions CNRS, 250 pages, 30 euros.
http://www.cahiers-lituaniens.org

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