À Vilnius, L.H. Bojanus découvrit plusieurs nouvelles espèces
Les travaux
de Louis Henri Bojanus (1776-1827), professeur à l’Université de Vilnius et un
des plus grands naturalistes du XIXe siècle, sont souvent cités, non seulement dans
des publications scientifiques mais parfois aussi par des revues culturelles (dont
les Cahiers Lituaniens). Certes, son Anatome testudinis Europaeae (1819-1821), l’ouvrage
le plus complet encore à ce jour sur l’anatomie des tortues d’eau douce
d’Europe (cistudes), est une publication qui a marqué l’histoire des sciences.
Nous devrions aussi savoir (au moins nous l’espérons, malgré que le fait qu’il
est de plus en plus difficile de parler d’une culture naturaliste dans
l’enseignement républicain d’aujourd’hui) que c’est à ce grand naturaliste,
originaire de Bouxwiller en Alsace, que nous devons la première description
scientifique de l’aurochs (Bos
primigenius) et du bison des steppes (Bison
priscus), deux espèces vraiment emblématiques pour notre culture (et que
l’on retrouve représentées dans de nombreux blasons nobiliaires et communaux en
Europe).
Bojanus fut,
par vocation et par son génie, un grand spécialiste de l’anatomie comparée et
de la physiologie. A Vilnius, il ne se limitait pas à une simple description des
nouvelles espèces, comme nombre de naturalistes de l’époque. Il analysait en
détail ses découvertes et les décrivait avec précision, à l’aide notamment de
dessins et croquis de grandes précisions. Pourtant nous ne devons pas oublier
que le bison des steppes et l’aurochs ne sont pas les seuls dont nous lui
devons la première description scientifique. Ce pionnier de la paléontologie en
Europe centrale et orientale et grand spécialiste des bovidés fossiles décrivit aussi le genre Merycotherium et l’espèce Merycotherium sibiricum, en se basant sur les dents trouvées en Sibérie. Il
s’agit d’un grand ruminant qui vécut à l’Est de l’Europe et en Asie. Bojanus regrettait
à l’époque de ne pas pouvoir disposer d’un matériel comparatif (dont par
exemple les dents d’une girafe) qui lui aurait permis de classer ces fossiles.
Bien connu par son honnête scientifique, Bojanus encouragea ces collègues de
l’époque à faire cette comparaison lorsque de nouvelles découvertes le
permettront. Encore aujourd’hui, le statut de ce taxon n’est pas bien établi.
Bojanus fut
aussi un grand parasitologue dont les travaux ont permis de comprendre ainsi le
cycle de vie de la douve, un ver plat parasite infectant le foie et les voies
biliaires des herbivores ruminants. Il créa à Vilnius une des plus grandes
collections des «vers intestinaux» et décrivit également la nouvelle espèce de vers
trématode nommé Distoma amphistomoides,
un parasite du castor. Notons qu’à l’époque la recherche des parasites des
rongeurs était une grande nouveauté en biologie. Il est également à l’origine
de la description scientifique du Cysticercus
pileatus, un de vers responsable de la cysticercose, la maladie causée par les larves de ténia qui se
logent de préférence dans les muscles. A notre époque, il est difficile
s’imaginer de l’importance pour la santé de cette découverte qui permit à
identifier une cause d’une maladie très grave et très fréquent au du XIXe
siècle.
En
illustration, le dessin de L.H. Bojanus représentant les dents du Merycotherium, issu de son l'article de
description de l’espèce.
Pour en
savoir plus, Piotr Daszkiewicz, Muséum national d’histoire naturelle : piotrdas@mnhn.fr
Libellés : aurochs-bison, Bojanus, Daszkiewicz, nature/3
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