Cahiers Lituaniens : un numéro 20 avec Kant, Mončys, des daïnos et d’autres.
Ce 20e numéro de la revue s’ouvre sur le dernier texte qu’Emmanuel Kant publia de son vivant, en 1800, en postface du dictionnaire lituanien-allemand de son ami Christian Mielcke. Dans cette courte analyse reproduite intégralement, le fondateur de la philosophie classique allemande évoque sa vision du caractère des Lituaniens et l’intérêt qu’il attache à la particularité de la langue lituanienne. Le texte est présenté par la linguiste Ona Aleknavičienė, chercheuse à l’Institut de la langue lituanienne à Vilnius.
Quelques années plus tard, lors de la campagne de Russie de Napoléon, le chirurgien en chef de la Grande Armée, Dominique-Jean Larrey, fut de passage à Vilnius. Ce savant est aujourd’hui reconnu comme un des pionniers de la chirurgie militaire d’urgence. À Vilnius, il visita le cabinet anatomique de l’université, où il fit d’étonnantes découvertes que nous présente Piotr Daszkiewicz, historien des sciences au Muséum d’histoire naturelle de Paris.
C’est durant la première moitié de ce XIXe siècle que le médecin et professeur de l’université de Vilnius Joseph Frank rédigea ses Mémoires et les réunit à ceux de son père, Jean Pierre Frank, également médecin et célèbre à l’époque en Europe comme pionnier de la santé publique. Totalisant près de 3 500 pages, ce volumineux manuscrit constitue un remarquable témoignage historique sur les pratiques médicales et la vie sociétale et culturelle en Europe pendant près d’un siècle, entre 1745 et 1842, à travers les observations et anecdotes de ces deux médecins qui allient carrière professorale et vie errante. Écrits en français et conservés à la section des manuscrits de la Bibliothèque de l’Université de Vilnius, les Mémoires n’ont jamais été publiés dans leur version originale, alors que plusieurs chapitres ont été traduits, édités, voire réédités en plusieurs langues dont le polonais, l’allemand, l’anglais. Après le lituanien, c’est en italien que les Mémoires sont mêmes sur le point d’être intégralement publiés en cinq volumes, grâce à la persévérance de l’historien italien Giovanni Galli, qui nous présente ici le « roman » de ce texte.
En 1918, plus de six cent notables du nord de la France sont déportés vers la Lituanie par les autorités allemandes en représailles des internés alsaciens-lorrains détenus en France depuis 1914. Julien Gueslin, conservateur en charge du musée de La Contemporaine à Nanterre et historien spécialiste des pays baltes, y narre cet épisode méconnu de la Grande Guerre.
Le centenaire en 2021 de la naissance d’Antanas Mončys, sculpteur lituanien qui vécut et travailla surtout en France, est l’occasion de redécouvrir les œuvres que l’artiste laissa à la postérité, dont l’étonnant Fantôme, en couverture de ce numéro, ainsi que la « Pietà de Strasbourg », la belle et originale stèle funéraire qu’il réalisa en 1953 pour la sépulture à Strasbourg de Veronika Karvelienė-Bakšytė, la présidente des organisations féminines catholiques de Lituanie.
Comme de tradition, le numéro s’achève avec des textes de fiction. Il s’agit cette fois de cinq chants populaires traditionnels, les fameux daïnos, extraits d’un ouvrage paru en 1948 à Fribourg-en-Brisgau. Sélectionnés par la folkloriste Gražina Krivickienė, les chants sont précédés d’une introduction et d’une préface de l’ethnologue Jonas Balys et illustrés par le peintre Viktoras Petravičius.
http://www.cahiers-lituaniens.org/
Libellés : Cahiers_Lituaniens, daïnos, Kant, Moncys, revues_culturelles
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