15 janvier 2022

Déportés en URSS. Récits d’Européens au goulag, 1939-1950

C’est en URSS, de 1939 à 1950, que plus d’un million d’Européens furent déportés à des milliers de kilomètres de chez eux dans des camps de travail ou dans des villages isolés en Sibérie ou en pleine steppe du Kazakhstan ou de l’Extrême-Orient russe. Ces déportations se firent dans des conditions effroyables et visaient de nombreux peuples d’Europe : Finlandais de Carélie, Lituaniens, Lettons, Estoniens, Polonais, Ukrainiens, Slovaques et Hongrois de Subcarpathie, Saxons et Souabes de Transylvanie, Grecs et Arméniens de Crimée, Allemands de la mer Noire et de la Volga, etc. C’est tout ce pan de l’histoire européenne, longtemps occulté et dont les responsables n'ont jamais été jugés, qui est raconté dans l’ouvrage ici en référence, à partir de témoignages récoltés par une douzaine d’auteurs qui ont sillonné toute l’Europe, la Russie et le Kazakhstan.

On y lira avec un intérêt tout particulier les témoignages de Iser Šliomovičius, déporté dans la région de l'Altaï (recueilli par Marta Craveri, p.78-86), de Juozas Miliautskas et de Elena Paulauskaitė-Talanina, déportés dans la région d’Irkoutsk en Sibérie (recueillis par Emilia Koustova, p. 228-243) et celui de Rimgaudas Ruzgys, déporté avec toute sa famille en Bouriatie (recueilli par Jurgita Mačiulytė, p. 251-266).

Le livre Déportés en URSS a paru initialement en 2012 aux éditions Autrement sous la direction d’Alain Blum, Marta Craveri et Valérie Nivelon. Épuisé depuis, il vient d’être réédité en 2021. Sur le site web de l’éditeur, il est possible d’écouter en langue originale et en traduction française, les témoignages recueillis des déportés interrogés par les auteurs :
https://www.autrement.com/deportes-en-urss/9782746761827

L’ouvrage prend un sens particulier aujourd’hui au moment où les autorités russes, dans leur souci de réhabiliter la période stalinienne, viennent de dissoudre l’association Mémorial, créée en 1989 avec l'aide du prix Nobel de la paix Andreï Sakharov pour assurer la préservation de la mémoire des victimes du pouvoir soviétique. Notons par ailleurs que ces mêmes autorités russes n’autorisent plus les familles lituaniennes à se rendre sur les lieux de sépulture de leurs membres décédés en Sibérie pour honorer leurs mémoires.

Signalons également trois témoignages de déportées parus dans les Cahiers Lituaniens ces dernières années.
- Celui de Aldona Graužinytė, déportée dans la région de Krasnoïarsk :
http://www.cahiers-lituaniens.org/GRAUZINYTE-MATULEVICIENE-Cinq-ans-deportation-Siberie-n-4-2003.pdf

- Celui de Vanda Juknaitė, exilée sur les rives de la mer de Laptev :
http://www.cahiers-lituaniens.org/JUKNAITE-deportes-de-Laptev-n-6-2005.pdf

- Et le récit d’Elena Žindžiuvienė-Deksnytė, également déportée dans le pays du "Dragon rouge" :
http://www.cahiers-lituaniens.org/ZINDZIUVIENE-DEKSNYTE-La-tour-blanche-n-9-2008.pdf

De nombreux autres témoignages de déportés sont par ailleurs disponibles dans les Archives Sonores des Mémoires Européennes du Goulag :
https://museum.gulagmemories.eu/fr/

 

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