L'écureuil volant, un animal de Lituanie
L’écureuil volant a exercé une fascination sur les naturalistes du XVIIIe siècle. Ce petit rongeur de l’Europe du nord, capable de s’élancer d’un arbre à l’autre en retardant sa chute « par le moyen d’une membrane qui s’étend depuis les jambes de devant jusqu’aux jambes de derrière », a été considéré comme l’un des plus curieux animaux de notre faune. Les voyageurs ont décrit un animal semblable au Canada et aux Etats-Unis. Sa répartition a été rapidement considérée comme l’une des preuves de la similitude entre la faune de l’Europe boréale et celle de l’Amérique du nord. Jacob Théodore Klein (1685-1759), naturaliste de Gdańsk et l’un des plus célèbres zoologistes du XVIIIe siècle, fut le premier à décrire, en 1733, cette espèce. Georges Buffon (1707-1788) éleva ces animaux en captivité. Il adopta en français pour le désigner le nom de « polatouche », mot issu de plusieurs langues slaves, et donna une description précise de l’animal ainsi que diverses informations sur sa biologie. Aujourd’hui, il est rare que l’on fasse référence et que l’on se souvienne que ce sympathique animal a été longtemps associé à la Lituanie. Pourtant, Klein, Buffon, J. K. Kluk (1739-1796) et d’autres naturalistes de cette époque le citaient comme une espèce lituanienne. En 1838, le Nouveau Dictionnaire des Sciences Naturelles donnait comme précision « que les forêts de pins et de bouleaux de Lituanie, de Livonie, de Finlande et de Laponie nourrissent quelques sapans [l’un des noms vernaculaires de cette espèce] ». Le baron Julius Brincken prétendait voir les écureuils volants dans la célèbre forêt de Białowieża dans les années vingt du XIXe siècle mais, même à cette époque, cette information fut contestée par les spécialistes. De plus, l’animal est difficile à observer et facile à confondre, notamment avec le loir. Il est certain qu’au moins à partir du XVIIe siècle l’aire de la répartition de l’écureuil volant s’est trouvée de plus en plus réduite. Les populations lituaniennes et polonaises vivaient à la limite occidentale de son aire de répartition et, pour cette raison, il a été particulièrement vulnérable. Déjà au XIXe siècle, Władysław Taczanowski (1819-1890), conservateur du Cabinet d’Histoire Naturelle de Varsovie, se réjouissait de recevoir des écureuils volants de Lituanie de son correspondant et ami Jan Wańkowicz (1835-1885), car il supposait que ces animaux qui vivaient autrefois dans les forêts de Lituanie avaient disparu définitivement de ce pays. A titre de curiosité, rappelons qu’il s’agissait du même Wańkowicz à qui nous devons la copie de la Vierge de la Porte de l’Aurore, placée à l’église St. Séverin à Paris. Aujourd’hui, les populations d'écureuils volants les plus proches de Lituanie vivent au nord de la Lettonie et en Biélorussie. En Lituanie, l’espèce est considérée comme éteinte. Pour en savoir plus, prendre contact avec Piotr Daszkiewicz, du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris :
piotrdas@mnhn.fr
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Libellés : Daszkiewicz, science
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