02 août 2016

Bison et Lituanie à l’Exposition Universelle de 1900


L’hebdomadaire La Nature, fondé en 1873 par Gaston Tissandier (1843-1899), était probablement le plus important périodique français de vulgarisation scientifique de la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle. A l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900 cette revue publia une série des articles dont un, intitulé « Les Pays du Nord » de L. Laloy. Quelques lignes de cet article sont consacrées à la Lituanie. Il est intéressant de les rappeler comme un témoignage de la connaissance de ce pays en France.

Dans le pavillon, dit des « apanages impériaux », il faut remarquer le magnifique bison d’Europe empaillé qui se trouve auprès de l’entrée. On remarquera qu’il est plus haut sur pattes et plus élancé que son congénère d’Amérique. Comme lui, cet animal, autrefois répandu sur de vastes étendu, a dû céder devant l’intrusion de la civilisation. Il n’est plus conservé que d’une façon tout artificielle, pour les chasses de l’empereur, dans une forêt de la Lithuanie.

Ceci nous amène à parler de l’exposition de ce dernier pays, situé dans le palais du Trocadéro, à l’entrée du Musée d’Ethnographie. C’est une exposition faite sur souscription privée ; elle n’en est que plus digne d’intérêt. On sait, en effet, que Lithuanie, tantôt indépendante, tantôt unie à la Pologne, a fini par être définitivement incorporée à l’empire russe. Mais ce qu’on ignore généralement, c’est que les Lithuaniens forment une race tout à fait originale, ayant ses mœurs propres et sa langue. Celle-ci présente même cette particularité d’être, de tous les idiomes indo-européens, celui qui se rapproche le plus de la langue mère.

L’exposition lithuanienne comprend une scène de fiançailles dans une chambre de paysan, avec des mannequins de grandeur naturelle, portant les vêtements du pays ; on remarquera, au fond, le berceau suspendu au plafond. Il y a, en avant, des vitrines renfermant des broderies faites à la main, des bijoux de forme curieuse ; des vêtements, des couvertures, des tapis sont pendus aux murs. Les Lithuaniens sont persécutés par le gouvernement russe qui leur interdit même l’usage des caractères latins pour les livres qu’ils publient, et qui a forcé un grand nombre d’entre eux à émigrer. Toute notre sympathie doit aller à ce peuple malheureux.

Pour en savoir plus : Piotr Daszkiewicz, Muséum national d’histoire naturelle

piotrdas@mnhn.fr

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