Bison et Lituanie à l’Exposition Universelle de 1900
L’hebdomadaire La Nature ,
fondé en 1873 par Gaston Tissandier (1843-1899),
était probablement le plus important périodique français de vulgarisation
scientifique de la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle. A
l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900 cette revue publia une série des
articles dont un, intitulé « Les Pays du Nord » de L. Laloy. Quelques
lignes de cet article sont consacrées à la Lituanie. Il est intéressant de
les rappeler comme un témoignage de la connaissance de ce pays en France.
Dans le
pavillon, dit des « apanages impériaux », il faut remarquer le
magnifique bison d’Europe empaillé qui se trouve auprès de l’entrée. On
remarquera qu’il est plus haut sur pattes et plus élancé que son congénère d’Amérique.
Comme lui, cet animal, autrefois répandu sur de vastes étendu, a dû céder
devant l’intrusion de la civilisation. Il n’est plus conservé que d’une façon
tout artificielle, pour les chasses de l’empereur, dans une forêt de la Lithuanie.
Ceci nous
amène à parler de l’exposition de ce dernier pays, situé dans le palais du
Trocadéro, à l’entrée du Musée d’Ethnographie. C’est une exposition faite sur
souscription privée ; elle n’en est que plus digne d’intérêt. On sait, en
effet, que Lithuanie, tantôt indépendante, tantôt unie à la Pologne , a fini par être
définitivement incorporée à l’empire russe. Mais ce qu’on ignore généralement,
c’est que les Lithuaniens forment une race tout à fait originale, ayant ses
mœurs propres et sa langue. Celle-ci présente même cette particularité d’être,
de tous les idiomes indo-européens, celui qui se rapproche le plus de la langue
mère.
L’exposition
lithuanienne comprend une scène de fiançailles dans une chambre de paysan, avec
des mannequins de grandeur naturelle, portant les vêtements du pays ; on
remarquera, au fond, le berceau suspendu au plafond. Il y a, en avant, des
vitrines renfermant des broderies faites à la main, des bijoux de forme curieuse ;
des vêtements, des couvertures, des tapis sont pendus aux murs. Les Lithuaniens
sont persécutés par le gouvernement russe qui leur interdit même l’usage des
caractères latins pour les livres qu’ils publient, et qui a forcé un grand
nombre d’entre eux à émigrer. Toute notre sympathie doit aller à ce peuple
malheureux.
Pour en savoir plus : Piotr
Daszkiewicz, Muséum national d’histoire naturelle
piotrdas@mnhn.fr
Libellés : aurochs-bison, Daszkiewicz, traditions populaires
<< Home