Une lettre de Giovanni Fabbroni (1752-1822), professeur honoraire de l’Université de Vilnius, à Georges Cuvier (1769-1832)
Physicien,
chimiste, minéralogiste, botaniste, archéologue et parlementaire toscan,
Giovanni Fabbroni joua un rôle important dans la politique française en Italie.
En 1809, il fut nommé par Napoléon député d’Arno au Corps législatif. Nommé
Chevalier de l’Empire, il remplissait d’importantes fonctions publiques telles
que maître de requêtes au Conseil des États ou directeur des Ponts et Chaussées
dans les départements au-delà des Alpes.
Il eut un grand mérite d’avoir organisé et de développé l’industrie minière en
Italie.
Ce
savant italien fut très apprécié à Vilnius. Correspondant d’Adam Czartoryski,
il conseilla ce prince sur les questions d’organisation de l’université.
Fabbroni avait lié des liens d’amitié avec Hieronim Stroynowski (1752-1815),
archevêque de Vilnius, professeur et recteur de l’université, lors du voyage de
ce dernier en Italie. Malgré des propositions de ce dernier, il ne souhaita pas
quitter l’Italie pour une chaire universitaire en Lituanie. C’est grâce à la
recommandation de Fabbroni que Luigi Cappelli (1776-1838) y devint professeur
de droit.
Une
lettre de Fabbroni à Cuvier est conservée à l’Institut de France. Il y annonce :
Mon ami le général Sokolnicki, Polonois,
veut bien me faire le plaisir de se charger de cette lettre pour avoir le
plaisir et l’honneur de vous être connu personnellement. Sa valeur, sa science,
sa probité à toute épreuve lui mérite bien l’avantage être accueilli par les
hommes aussi célèbres, bons et savants, tels que vous l’être. Sokolnicki,
ancien officier de la République des Deux Nations, fut commandant de l’Ecole de
génie militaire à Vilnius, puis l’un des chefs de l’insurrection de 1794.
Emprisonné à Saint-Pétersbourg, libérée en 1796, il regagna Paris pour devenir
l’un des commandants des forces polono-lituaniennes formées en Italie sous
l’auspice de la France. Passionné de sciences et techniques, il fut rendu célèbre
par la construction d’un pont sur le Niémen lors de la guerre russo-polonaise
de 1792. Ses inventions, comme le « géodésigraphe », furent
présentées à l’Institut de France. En Italie, il noua de nombreuses relations
avec des savants et des artistes. Il publia de fréquents articles dans la
presse et présenta ses travaux dans plusieurs écoles supérieures du pays. Au
début de 1802, Sokolnicki partit en mission à Paris et Fabbroni en profita pour
lui confier sa lettre. Comme c’était courant à l’époque, c’est par cet
émissaire militaire qu’il fit transmettre “le
dessin de la dépouille d’un être inconnu jusqu’à présent et découverte par un
de mes amis” au “citoyen La Cépède” (Bernard-Germain de Lacépède, 1756-1825),
célèbre zoologiste et professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle à
Paris, alors dirigé par Georges Cuvier. Le dessin colorié représentait un poisson
Saint-Pierre, attrapé pour la
première fois près de Livourne. La lettre et le dessin sont un intéressant
document, tant pour la biographie du général Sokolnicki que pour l’histoire des
sciences naturelles du XIXe siècle. C’est Georges Cuvier qui
prononça l’éloge de Fabbroni à l’Institut de France, à la mort de celui-ci.
Pour en savoir plus : Piotr Daszkiewicz
piotrdas@mnhn.fr Pour en savoir plus : Piotr Daszkiewicz
Libellés : Czartoryski, Daszkiewicz, science/3
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