1870 : des uhlans lituaniens engagés dans la guerre franco-prussienne
Pendant la guerre
franco-prussienne de 1870, plusieurs unités de uhlans lituaniens participèrent aux
combats. Constitué en 1860 en Petite-Lituanie qui était alors
intégrée à la Prusse-Orientale, le Litthauische
Ulanen-Regiment Nr.12 (dont fit partie le cavalier en illustration) était
une unité de cavalerie de l'armée prussienne. En temps de paix, ses escadrons 1
et 2 tenaient garnison à Insterburg / Įsrūtis et les 3 et 4 à Wehlau / Vėluva. Au
début de la guerre, le régiment avait été affecté à la première division de
cavalerie et participa aux combats à Saint-Privat et Gravelotte dès le 18 août
1870, puis au blocus de la forteresse de Metz. À la capitulation de Metz le 27
octobre, la division se déplaça vers la Loire, où l'armée française de la Loire
menaçait l'anneau de confinement allemand autour de Paris. Les uhlans
lituaniens prirent part à plusieurs batailles, jusqu'à ce qu'Orléans tomba
finalement le 4 décembre 1870. La bataille de Beaune-la-Rolande fut
particulièrement importante lorsque la première division de cavalerie, avec
quatre bataillons de la 5e division d'infanterie, put intervenir juste à temps
pour sauver le Xe Corps allemand de la défaite. Ce renfort a transformé une
défaite imminente en une victoire claire. Certaines unités du régiment lituanien
continuaient à se battre en avançant sur Vendôme jusqu'au début de la bataille
du Mans en janvier 1871. Une fois les combats terminés, le 12e régiment
fit partie des forces d'occupation en France et regagna ses garnisons à l'été
1871.
Rappelons le contexte de la
guerre de 1870 dont on commémore cette année les 150 ans et dont la mémoire diffère
selon les pays. En France, elle est souvent ressentie comme une odieuse et
inconcevable agression allemande. Dans les faits, ce sont les visées expansionnistes constantes de la France vers l'Est qui avaient rendu cet évènement largement prévisible,
voire incontournable. Le traité de Vienne de 1815 avait été pourtant particulièrement
clément pour une France qui avait mis à feu et à sang toute l’Europe
durant les guerres napoléoniennes (plus de deux millions de morts et disparus).
Pour reconstituer un équilibre des nations et éviter une possible soif de
revanche, les négociateurs de Vienne avaient sagement considéré qu’il ne
fallait pas affaiblir la France et s’étaient contentés de la rétablir, à
quelques détails près, dans ses frontières de 1792, sans la contraindre notamment
à rendre à l’espace germanique l’Alsace et la Lorraine conquises aux
XVIIe et XVIIIe siècles. Cependant, dès la monarchie de Juillet, la revendication par la
France de toute la rive gauche du Rhin, « frontière naturelle de la France »
définie comme telle par les révolutionnaires de la Convention, s’était à nouveau réveillée
et développée de manière de plus en plus vive. Après des velléités - vite
découragées par l’Angleterre - sur la Belgique en 1830, la fièvre belliqueuse
d’une opinion publique fonctionnant dans le vase clos parisien avait atteint un
sommet en 1840 avec la « crise du Rhin », dans le cadre de laquelle
le gouvernement d’Adolphe Thiers avant multiplié les gestes de préparatifs
guerriers pour une reconquête des provinces rhénanes sur la Prusse. Cette
attitude a, par contrecoup, attisé les passions nationales du côté allemand
qui, par ailleurs, était engagé dans une dynamique de réunification, devenue inéluctable
depuis la dissolution, provoquée par Napoléon Ier en 1806, du
Saint-Empire romain germanique. Rappelons que la France était déjà perçue par
la majorité des Allemands comme une nation agressive qui, depuis Louis XIV,
n’avait cessé d’envahir les États allemands limitrophes et d'y occasionner de nombreuses destructions (cf. notamment la "dévastation du Palatinat"). Cette volonté
française de récupérer toute la rive gauche du Rhin avait donc provoqué mécaniquement une
poussée patriotique dans le cadre de laquelle l’Alsace et la partie thioise de la
Lorraine devenaient, à l’instar de la rive gauche de la Rhénanie, l’expression
de terres d’histoire, de langue et de culture germanique volées par le bellicisme
français (cf. Land un Sproch, n°214).
Le 19 juillet 1870, sous un
prétexte diplomatique, la France déclara la guerre à la Prusse qui était soutenue
par une coalition de 24 États allemands : les membres de la Confédération
de l'Allemagne du Nord, les royaumes de Bavière et de Wurtemberg et le
grand-duché de Bade. L'armée de Napoléon III, mal préparée, essuya défaites sur
défaites et s’effondra. En six mois, 150 000 victimes furent à déplorer. Le
conflit s'acheva par la signature du traité de Francfort, le 10 mai 1871, qui
rattacha l'Alsace-Lorraine à l'empire allemand nouvellement créé. Les Allemands
occupèrent tout le nord de la France qu’ils ne libérèrent qu'au fur et à mesure
du paiement par le gouvernement français d'un trésor de guerre de 5 milliards
de francs-or. Alors que la Troisième République fut proclamé le 4 septembre
1870 à l’hôtel de ville de Paris, le roi de Prusse fut proclamé empereur
allemand le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles
(le choix du lieu faisant référence selon certains à celui de la signature, le 12
juillet 1806 au palais des Tuileries à Paris, du traité de la Confédération du
Rhin, imposé aux États allemands par Napoléon Ier).
Quant au 12e régiment
lituanien de uhlans, il reprit du service lors de la Grande Guerre, mais
seulement sur le Front de l’Est. Il prit part d’abord à la bataille de Tannenberg
en août 1914, puis à celle des lacs de Mazurie en septembre. Il fut affecté
ensuite à des tâches de patrouille et de reconnaissance en Lituanie, le long du
fleuve Niémen jusqu'en novembre 1915, puis de protection du littoral en
Courlande jusqu’en août 1917, et enfin en Ukraine à partir de mai 1918 jusqu'à
la fin de la guerre. Le 22 février 1919, le régiment retourna à Insterburg /
Įsrūtis pour y être définitivement démobilisé et dissous.
Libellés : 1870, en_France, Petite-Lituanie, Uhlan
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