17 juillet 2020

Paris-Vilnius : le silence spectaculaire


Ce printemps 2020, comme de nombreuses villes sur le continent européen, Paris et Vilnius furent confinées pendant de longues semaines face à la pandémie liée au coronavirus. Cet épisode inédit de la vie – figée – de ces deux capitales vient de faire l’objet d’une représentation photographique et musicale dans une œuvre en ligne intitulée Paris-Vilnius : le silence spectaculaire. Conçue et réalisée par Yolita René avec le soutien des ambassadeurs des deux pays, cette symphonie photographique de douze minutes, articulée autour d'un prélude et de cinq mouvements, s’appuie sur de nombreux clichés réalisés à Paris et à Vilnius entre le 16 mars et le 11 mai par plusieurs photographes et reporteurs (Ludo Segers, Justinas Stacevičius, Michel Bourguet, Domantas Umbrasas, Edvard Blaževič, Algimantas Kunčius, Ramūnas Danisevičius, Benas Gerdžiūnas). Il bénéficie de l’apport graphique de l’artiste Stasys Eidrigevičius (dit Stasys), avec un oiseau rouge, né pendant le confinement et nommé Coronavirus 2020 qui surgit, l’œil inquiet et le bec replié tel un masque. La musique originale a été écrite par le compositeur Dominykas Digimas. Le montage invite aussi à porter un regard poétique avec des textes notamment d’Oscar Milosz, Jonas Mekas et  Marcelijus Martinaitis.
Yolita René décrit ainsi son projet : Alors que la télévision et l’ensemble des médias montraient en continu l’actualité de la pandémie au jour le jour, heure par heure, reflétant l’état d’urgence de cette étrange période, cette exposition virtuelle se propose d’inscrire ses images dans un temps plus long que celui de l’actualité. Chaque image apporte à l’ensemble son témoignage particulier selon le regard et la sensibilité du photographe. Certains ont été plus attentifs à la géométrie des rues et à l’acuité des lignes et des tracés architecturaux.  D’autres nous ont plongé dans l’atmosphère des lieux et des situations suscitant différentes interrogations et découvrant un réel inconnu. C’est comme si ce silence inhabituel avait stimulé une large gamme d’impressions en passant du vide au plein et d’un silence incolore, celui de la pierre, au  silence subtilement coloré de créations textiles. Dans ce montage le silence lié au confinement apparaît comme dans une partition musicale : une pause, un soupir, un demi-soupir... Une suspension sidérante en attente d'une reprise prochaine dont on ne sait pas quand elle va avoir lieu. Un soupir, une grâce dans le vacarme ambiant, libérant l’acuité du regard, fixant le rare, l'unique, le fragile. Les photographies d'une ruine contemporaine comme celle d'un château antique, nous invitent à poser un regard romantique sur l'éphémère de ce moment. Un dialogue s’établit entre Paris et Vilnius, deux villes qui ne se ressemblent pas mais qui se sont rapprochées par leur destin face à la crise. Cette exposition photographique virtuelle illustre une séquence exceptionnelle de notre histoire, elle permet aussi de découvrir les secrets et les beautés cachées des deux capitales. Un événement unique et inédit a modifié notre approche et notre perception de l'espace urbain. Le développement puis la régression du virus nous amenant vers le dé-confinement nous fait avancer vers une réappropriation collective de l'espace laissé vide depuis le début du confinement. La sélection de photographies, en noir et blanc et en couleurs, de différents formats, est une tentative de réflexion sur l’importance du silence et sur la redécouverte de nos sens, mais aussi sur le rapport de chaque individu avec lui-même et avec le monde lorsque l'imprévisible se manifeste.
À voir en ligne, en français ou en lituanien :

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