Paris-Vilnius : le silence spectaculaire
Ce printemps 2020, comme de nombreuses villes sur
le continent européen, Paris et Vilnius furent confinées pendant de longues semaines face à la pandémie
liée au coronavirus. Cet épisode inédit de la vie – figée – de ces deux capitales
vient de faire l’objet d’une représentation photographique et musicale dans une
œuvre en ligne intitulée Paris-Vilnius :
le silence spectaculaire. Conçue et réalisée par Yolita René avec le
soutien des ambassadeurs des deux pays, cette symphonie photographique de douze
minutes, articulée autour d'un prélude et de cinq mouvements, s’appuie sur de
nombreux clichés réalisés à Paris et à Vilnius entre le 16 mars et le 11 mai par plusieurs photographes
et reporteurs (Ludo Segers, Justinas Stacevičius, Michel Bourguet, Domantas
Umbrasas, Edvard Blaževič, Algimantas Kunčius, Ramūnas Danisevičius, Benas
Gerdžiūnas). Il bénéficie de l’apport graphique de l’artiste Stasys Eidrigevičius (dit Stasys), avec un
oiseau rouge, né pendant le confinement et nommé Coronavirus 2020 qui surgit,
l’œil inquiet et le bec replié tel un masque. La musique originale a été écrite
par le compositeur Dominykas Digimas. Le montage invite aussi à porter
un regard poétique avec des textes notamment d’Oscar Milosz, Jonas Mekas
et Marcelijus Martinaitis.
Yolita René décrit ainsi son projet : Alors que la
télévision et l’ensemble des médias montraient en continu l’actualité de la
pandémie au jour le jour, heure par heure, reflétant l’état d’urgence de cette
étrange période, cette exposition virtuelle se propose d’inscrire ses images
dans un temps plus long que celui de l’actualité. Chaque image apporte à
l’ensemble son témoignage particulier selon le regard et la sensibilité du
photographe. Certains ont été plus attentifs à la géométrie des rues et à
l’acuité des lignes et des tracés architecturaux. D’autres nous ont plongé dans l’atmosphère
des lieux et des situations suscitant différentes interrogations et découvrant
un réel inconnu. C’est comme si ce silence inhabituel avait stimulé une large
gamme d’impressions en passant du vide au plein et d’un silence incolore,
celui de la pierre, au silence
subtilement coloré de créations textiles. Dans ce montage le silence lié au
confinement apparaît comme dans une partition musicale : une pause, un
soupir, un demi-soupir... Une suspension sidérante en attente d'une reprise prochaine
dont on ne sait pas quand elle va avoir lieu. Un soupir, une grâce dans le
vacarme ambiant, libérant l’acuité du regard, fixant le rare, l'unique, le
fragile. Les photographies d'une ruine contemporaine comme celle d'un château
antique, nous invitent à poser un regard romantique sur l'éphémère de ce
moment. Un dialogue s’établit entre Paris et Vilnius, deux villes qui ne se
ressemblent pas mais qui se sont rapprochées par leur destin face à la crise. Cette
exposition photographique virtuelle illustre une séquence exceptionnelle de
notre histoire, elle permet aussi de découvrir les secrets et les beautés
cachées des deux capitales. Un événement unique et inédit a modifié notre
approche et notre perception de l'espace urbain. Le développement puis la
régression du virus nous amenant vers le dé-confinement nous fait avancer vers
une réappropriation collective de l'espace laissé vide depuis le début du
confinement. La sélection de photographies, en noir et blanc et en couleurs, de
différents formats, est une tentative de réflexion sur l’importance du silence
et sur la redécouverte de nos sens, mais aussi sur le rapport de chaque
individu avec lui-même et avec le monde lorsque l'imprévisible se manifeste.
À voir en ligne, en
français ou en lituanien :
Libellés : Digimas, Eidrigevicius, en_France_2020, Martinaitis, Mekas, Milosz/2, photographie/2
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