21 août 2007

Le lituanien, une langue balte

La famille des langues baltes, apparentée à celle des langues slaves mais clairement distincte de celle-ci, n’est plus représentée de nos jours que par le lituanien et le letton. La structure complexe des langues baltes éclaire de façon intéressante divers aspects des autres langues indo-européennes, et en particulier des langues slaves. Les langues baltes, comme les langues slaves (russe, ukrainien, polonais, tchèque, serbo-croate, bulgare, slovène, etc.) sont elles-mêmes apparentées, par les traits généraux essentiels de leur structure et par les racines de leur lexique, aux langues germaniques (allemand, anglais, suédois, etc.), aux langues celtiques (irlandais, breton, etc.), à l’albanais, à l’arménien, au grec, et au latin dont proviennent les langues romanes (italien, français, espagnol, catalan, portugais, roumain). Les langues baltes sont également apparentées aux langues indo-iraniennes (farsi, patchouli, bengali, hindi, ourdou), comme le sanskrit de l’Inde antique. Tout ce vaste ensemble compose la grande famille linguistique des langues indo-européennes, liées par une origine commune, qui se sont peu à peu différenciées en se transformant au cours de quelques millénaires. Dans cette transformation plus ou moins lente, la structure grammaticale s’est considérablement simplifiée pour certaines langues comme l’anglais et le français. Les langues slaves ou les langues baltes en général, et le lituanien en particulier, ont beaucoup moins évolué que les langues germaniques ou les langues romanes. La structure du lituanien est restée à un stade clairement flexionnel, c’est-à-dire que la plupart des mots ont des formes variables ; non seulement les verbes se conjuguent, mais les noms, pronoms, adjectifs et numératifs aussi se déclinent. Ces mots ont chacun plusieurs formes distinctes qui correspondent à divers emplois possibles dans une proposition. La structure flexionnelle est la base et le principe fondamental de la grammaire lituanienne ; ce principe détermine en grande partie la syntaxe, c’est-à-dire la construction des propositions et des phrases. De la langue indo-européenne originale, le lituanien a ainsi conservé de façon remarquable divers traits anciens. Son évolution phonologique, morphologique et syntaxique le situe sur beaucoup de points à un stade comparable à celui du sanscrit ou du grec ancien tels qu’ils se trouvaient il y a 2500 ans. Le lituanien vivant, parlé par plus de trois millions de nos contemporains, est comme une sorte d’indo-européen fossile, conservé jusqu’à nos jours par un peuple exceptionnellement fidèle à ses traditions antiques. Il présente pour la linguistique en général, et surtout pour l’étude des diverses langues indo-européennes modernes, un intérêt prodigieux. Pour en savoir plus, lire notamment "Parlons lituanien" de Michel Chicouène et Laurynas-Algimantas Skūpas (L’Harmattan, 1998) ou "Le lituanien, la plus archaïque des langues indo-européennes modernes" par Guido Michelini (Cahiers Lituaniens, n°2, 2001)
http://www.cahiers-lituaniens.org/sommaire.htm

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