04 octobre 2007

Povilas Gylys : pour une politique plus réaliste à l'égard de la Russie

Dans une interview accordée le 1er octobre 2007 au journal "Lietuvos žinios", l'ancien ministre lituanien des Affaires étrangères (1992-1996), Povilas Gylys, actuellement professeur à l'université de Vilnius, a critiqué la politique pratiquée par les dirigeants actuels de son pays à l'égard de la Russie. Selon lui, la diplomatie lituanienne n'arrive pas à établir les bonnes priorités et attache trop d'attention à des Etats qui n'ont pas d'importance stratégique pour la Lituanie. "J'ai parfois l'impression que nos élites politiques sont persuadées que la Lituanie est une superpuissance capable de modifier la situation géopolitique, sans même consulter les autres pays ni coopérer avec eux", écrit le journal, citant l'ancien ministre des Affaires étrangères. Il dénonce particulièrement le ton adopté par la Lituanie dans ses relations avec la Russie. "Il me semble parfois que notre culture politique manque de civilité. Ainsi, afin d'accréditer une image négative de la Russie au sein de notre population, nous réagissons de manière tout à fait honteuse aux attentats terroristes perpétrés dans ce pays", a-t-il affirmé. D'après M. Gylys, concernant le passé, il faut éviter d'accentuer les discordes historiques et tourner son regard vers l'avenir. D'autant que les relations lituano-polonaises offrent un excellent exemple de cette approche. Caractérisant le rôle de Valdas Adamkus dans la définition de la politique extérieure du pays, M. Gylys a critiqué "les tendances proaméricaines" du président lituanien. "Certes, les Etats-Unis sont un de nos plus importants partenaires, mais il ne faut pas oublier que le pouvoir n'y restera pas toujours le même. Des élections vont bientôt s'y dérouler, et avec l'arrivée des Démocrates au pouvoir, la politique extérieure du pays deviendra beaucoup plus souple. Je pense que les Etats-Unis chercheront à renforcer leur dialogue avec l'UE", a déclaré M. Gylys, avant d'ajouter que ce n'était pas l'Amérique qui soutenait financièrement la Lituanie, mais bien la vieille Europe. Il a également soutenu l'opinion de la commissaire européenne Dalia Grybauskaitė selon laquelle, c'est en Europe de l'Ouest qu'il faut chercher des alliés, et non pas en Géorgie ou en Moldavie.
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