08 septembre 2009

Le père Petrosius n’est plus !

Ce 8 septembre 2009 à 8h15, le père Jonas Petrošius s’est éteint à l’âge de 87 ans à Paris, à la maison de retraite Marie-Thérèse où il séjournait depuis 2005. Avec lui disparaît une personnalité très attachante qui a profondément marqué la communauté lituanienne réfugiée en France à la fin de Seconde Guerre mondiale, en tant que responsable de la Mission catholique lituanienne à Paris. Le père Petrošius était un Samogitien, né dans une famille paysanne le 19 décembre 1921 à Reistai, un village près de Šilalė. Après des études secondaires au lycée de Tauragė, il exerça d’abord comme instituteur à Kvėdama, puis, durant la guerre, étudia successivement au séminaire catholique de Telšiai, puis au monastère de Rebdorf près de Eichstätt en Bavière. En 1945, alors que la Lituanie retomba sous le joug de l’URSS, il fut recueilli pendant trois ans dans un camp de "personnes déplacées" en Allemagne. Ce fut en 1948 qu’il arriva à Strasbourg, où il entra au Séminaire international. Il fut ordonné prêtre le 16 mai 1951 en la cathédrale de Strasbourg et nommé par l’évêque de Strasbourg, Mgr Jean-Julien Weber, aumônier des Lituaniens en Alsace et de l’orphelinat Saint-Joseph de Thann. En 1955, il fut nommé responsable de la Mission catholique lituanienne en France et en Belgique et fut rattaché à l’archevêché de Paris. Il exerça cette fonction jusqu’à sa retraite en 2006. Durant les cinq décennies de cette responsabilité pastorale, il assura la cohésion spirituelle et l’entraide au sein de la Communauté lituanienne en France (qu’il présida de 1958 à 1981), alors composée de près de 1.000 personnes et répartie en une dizaine de foyers implantés surtout à Paris et dans les régions de l’est et du sud-est de la France. Parmi les faits marquants de son action qui eurent un retentissement au-delà de la communauté lituanienne, citons la commémoration du 500e anniversaire de la naissance de Saint Casimir, patron de la Lituanie, qu’il organisa à l’Institut catholique de Paris en 1958 avec la participation de Robert Schuman, et la publication en 1967, grâce à ses soins, d’un recueil de prières des Lituaniens déportés en Sibérie. Pendant toutes les années de l’annexion soviétique de la Lituanie (1945-1991), le père Petrošius refusa d’adopter une autre nationalité que celle de sa naissance et vécut avec le statut d’apatride. Durant les années 1980 et 1990, il passait chaque été un à deux mois en Alsace, où il remplaçait le curé de Vieux-Thann dans ses tâches pastorales. Ce fut à chaque fois l’occasion de rencontres chaleureuses avec les Lituaniens et amis de la Lituanie en Alsace réunis au sein de l’Association Alsace-Lituanie. C’est donc avec une profonde peine que ceux-ci ont appris le décès du père Petrošius, dont ils garderont le souvenir affectueux d’un homme simple, sincère, tolérant, généreux et très attaché au bonheur de ses compatriotes. Une cérémonie funéraire se déroulera le 14 septembre à la Chapelle de Tous les Saints, boulevard Raspail à Paris, et la crémation le même jour au crématorium du Père Lachaise. Ses cendres reposeront au cimetière de Bikavėnai, près de Šilutė. A lire, l’interview que le père Petrošius donna au journal La Croix le 16 mars 1958 à l’occasion de la commémoration du 500e anniversaire de la naissance de Saint Casimir :
http://www.cahiers-lituaniens.org/Saint_Casimir_1958_Paris/petrosius.htm

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