Jurga Ivanauskaite : une grande romancière disparaît !
La femme de lettres contemporaine la plus connue en Lituanie, Jurga Ivanauskaitė, vient de s’éteindre à l’âge de 45 ans, le 17 février, des suites d‘un sarcome osseux. Diplômée de l'Académie des beaux-arts de Vilnius, Jurga Ivanauskaite se fit connaître en 1985 par son recueil de nouvelles L'année des muguets, et surtout par La sorcière et la pluie, le roman qui avait provoqué une intense indignation auprès de ses compatriotes au moment de sa parution en 1993. Par son exploration de la passion sexuelle féminine, Jurga Ivanauskaitė était devenue la voix des jeunes gens rebelles et déçus. Au coeur de la controverse se trouve la scène dépeinte par l‘écrivaine d'un prêtre catholique en train de faire l'amour. Elle fut vécue en Lituanie comme une offense aux sensibilités morales et religieuses d'un pays à la forte tradition catholique, juste après la chute du régime totalitaire athéiste. La sorcière et la pluie a un point de départ contemporain mais fait également un bond en arrière de plusieurs centaines d‘années, car l'histoire est également racontée par une sorcière médiévale et par Marie-Madeleine. Les divers aspects et les zones d’ombre de la passion amoureuse et sexuelle sauvage, ensorceleuse et désastreuse d’une femme trouvent une intensité de persuasion exprimée dans un texte littéraire accompli et recouverte par la tournure dramatique des événements. Cette intensité, habilement enveloppée dans une forme littéraire impressionnante, permet de considérer La sorcière et la pluie comme son meilleur roman. Il a été traduit en plusieurs langues, mais malheureusement pas en français. Le 28 février devrait sortir en Lituanie son adaptation cinématographique par le metteur en scène Algimantas Puipa. Travaillant sans relâche, Jurga Ivanauskaite a publié de nombreux romans, réalisant elle-même les couvertures de ses livres. Elle était aussi très connue pour son soutien à la cause du Tibet où elle avait fait de nombreux et longs voyages à but spirituel. C‘est grâce à elle que le Dalaï Lama s‘est rendu deux fois en Lituanie. Frappée par la maladie depuis un an et demi, il lui a été donné de vivre un retour à la foi chrétienne. Elle a été enterrée ce jour au cimetière d’Antakalnis à Vilnius, sur la colline des écrivains.
http://www.cahiers-lituaniens.org/ecrivains.pdf
http://www.cahiers-lituaniens.org/ecrivains.pdf
Libellés : femmes, Ivanauskaite, littérature, Puipa
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