31 décembre 2009

La Lituanie dit adieu à son unique centrale nucléaire

Le 31 décembre, la Lituanie dira définitivement adieu à son unique centrale nucléaire, qu'elle fermera conformément aux exigences de Bruxelles, et devra subir une hausse des tarifs de l'électricité alors que le pays est plongé dans une grave crise économique. Le deuxième réacteur de la centrale, dont les deux cheminées blanches et rouges surgissent dans la plaine de l'est de ce petit pays balte, sera éteint une heure avant le coup de minuit. Le premier réacteur de ce site qui assurait par le passé jusqu'à 90% des besoins du pays en électricité a été éteint il y a cinq ans. "L'arrêt du deuxième réacteur et la fermeture de la centrale nous rendent tristes, surtout quand cela signifie se séparer de salariés qui travaillent pour nous depuis une vingtaine d'années", déclare à l'AFP son directeur Viktoras Ševaldinas (photo). Ce Russe est arrivé comme expert peu avant l'inauguration de la centrale en 1983, dans ce qui était à l'époque la République socialiste soviétique de Lituanie. Avec la fermeture du deuxième réacteur, un millier de personnes vont perdre leur travail et doivent bénéficier de garanties sociales. "D'un autre côté, nous nous préparons à la fermeture depuis des années, ce n'est pas un très grand choc", admet le directeur. En adhérant à l'Union européenne en mai 2004, la Lituanie s'est engagée à fermer sa centrale, du même type que celle de Tchernobyl en Ukraine qui a explosé en 1986, provoquant la pire catastrophe nucléaire de l'histoire. Cette décision a été souvent contestée en Lituanie, d'autant plus que 800 millions de litas (231 millions d'euros) ont été investis au cours des 15 dernières années dans la sécurité de la centrale. Certains hommes politiques lituaniens y voyaient une condition imposée par Bruxelles et ne tenant pas compte des réalités du pays. De nombreux projets de lois visant à prolonger la vie de la centrale ont été soumis sans succès au Parlement, l'ultime au mois de novembre. Pour se donner davantage de poids dans les négociations avec Bruxelles, la Lituanie a même organisé un référendum national sur cette question il y a un an. 92% des votants se sont alors prononcés pour la prolongation de la vie de la centrale. Le résultat de ce référendum, symbolique du point de vue juridique, est resté de toute façon caduque, le taux de participation n'ayant pas atteint 50%. "Pendant toutes ces années, l'énergie nucléaire était comme naturelle et invisible. Dans les prochains mois nous allons prendre conscience de ce que nous avons perdu", poursuit tristement le directeur. Selon lui, le démantèlement total de la centrale durera 25 ans, soit autant que sa vie active, et coûtera environ un milliard d'euros. Après la fermeture, la Lituanie devra se réconcilier avec des centrales fonctionnant au gaz et au mazout. Devenues aujourd'hui presque obsolètes, elles devront désormais tourner à plein régime pour répondre aux besoins du pays en énergie électrique à partir du 1er janvier 2010. "Aussi bien les habitants que les entreprises vont ressentir le contre-coup de la fermeture dans leur porte-monnaie. A partir de janvier, le prix de l'électricité va augmenter de près de 30% pour les particuliers", estime Violeta Klyviene, analyste à la banque Danske. "Pour nous les entreprises, le kilowatt va augmenter de 20%", déclare à l'AFP Arvydas Stulpinas, dirigeant de Putoksnis, une entreprise de transformation de matières plastiques. La Lituanie croit toujours au nucléaire. Elle a lancé au début du mois un appel d'offres pour la construction d'une nouvelle centrale avec ses voisins baltes et la Pologne.
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