28 janvier 2013

Le Ogar Polski, un héritage du grand-duché de Lituanie

Au XVIe et XVIIe siècles, l’art de la chasse était une des activités préférées de la noblesse polono-lituanienne. Les chiens tenaient une place très importante dans cette culture. Nous avons connaissance de ces pratiques grâce aux traités anciens et surtout grâce aux livres de Jan Ostroróg (1565-1622), homme d’Etat, palatin de Poznań qui, après ses études à Bologne et à Strasbourg (il fut l’élève de Jean Sturm), est devenu conseiller et percepteur du roi et grand-duc Sigismond III Vasa. Passionné d’art de la chasse, il publia O psiech gończych i myślistwie z nimi (1608) [Sur les chiens de chasse et la vénerie avec eux] qui fait partie d’un ouvrage plus important : Myślistwio z ogary (1618) [La chasse avec les limiers]. Les célèbres limiers de Pologne (ogar polski), comme on appelait cette race, avaient pour origine les chiens de Saint-Hubert. On suppose qu’ils ont été croisés avec des limiers originaires d’Italie, puis avec la race des foxhounds d’Angleterre. La disparition de la République des Deux Nations et l’histoire tourmentée de la Lituanie et la Pologne furent la cause de la disparition de cette race, jadis si populaire. Ce n’est qu’en 1959 qu’un cynologue, Piotr Kartawik (1918-1969), a réussi à retrouver en Lituanie quelques chiens correspondants aux anciennes descriptions. L’élevage fut une réussite et, en 1966, cette race fut officiellement enregistrée par la Fédération Cynologique Internationale. Rappelons également une autre tradition cynégétique, liée par contre, elle, à l’histoire du braconnage. L’hybridation de chiens avec des loups était très répandue dans le grand-duché de Lituanie. Jean-Emmanuel Gilibert (1741-1814) a décrit ces hybrides au XVIIIe siècle. Les naturalistes français étaient particulièrement intéressés par cette question car, comme Georges Buffon (1707-1788), l’intendant du Jardin du Roi à Paris, ils n’avaient pas réussi eux-mêmes à réaliser de telles hybridations, malgré de multiples tentatives, alors que les braconniers lituaniens y arrivaient aisément à l’époque. Contact : Piotr Daszkiewicz, Muséum national d’histoire naturelle à Paris : piotrdas@mnhn.fr

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