18 septembre 2013

Le Balte Carl Eduard von Eichwald (1795-1876) et le Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris

Carl Eichwald est né à Mittau (Jelgava, Lettonie). Son parcours universitaire est typique des naturalistes germano-baltes de l’Empire Russe. Fils d’un noble de Courlande, professeur de langues et d’histoire naturelle, il fit ses études à Berlin, puis il continua dans diverses universités allemandes, suisses, anglaises et au Muséum d’Histoire naturelle (MNHN) à Paris. En 1819, il obtint son doctorat en se spécialisant en ichtyologie à l’Université de Vilna (Vilnius, Lituanie) et son habilitation à Dorpat (Tartu, Estonie) en présentant «De regni animalis limitibus atque evolutionis gratibus». Il commença sa carrière de professeur à Dorpat, puis il dirigea la chaire d’anatomie comparée et enseigna la zoologie et l’obstétrique à Kazan. Il organisa une expédition scientifique dans le Caucase et sur les bords de la Mer Caspienne. A partir de 1827, il dirigea la chaire de zoologie à l’Université de Vilna. Il s’y sentit successeur de Louis-Henri Bojanus. Il rédigea d’ailleurs une biographie du savant alsacien. En 1829, il dirigea une expédition scientifique ayant pour but d’étudier la nature de la Lituanie, de la Pologne Orientale et de l’Ukraine (Volhynie et Podolie), dont le résultat fut la publication «Naturhistorische Skizze von Lithauen, Volhynien und Podolien in geognotisch-mineralogischer, botanischer und zoologischer Hinsicht» (Vilna 1830). Après la fermeture de l’Université de Vilna, il travailla d’abord à l’Académie Medico-Chirurgicale et déménagea ensuite à Saint-Pétersbourg, où il travailla et resta jusqu’à la fin de sa vie. Ce grand naturaliste marqua l’histoire des sciences non seulement par de nombreux travaux - souvent fondamentaux - en zoologie et en paléontologie, mais aussi en tant qu’un des premiers et plus importants évolutionnistes du XIXe siècle. Carl Eichwald publia une partie de ses travaux en français pour ne citer que «Sur le système silurien de l'Estonie» (Saint-Pétersbourg, 1840) ou les trois volumes de «Lethaea rossica, ou Paléontologie de la Russie» (Stuttgart 1853-1868). Son nom figure sur le registre des auditeurs des cours de Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829 ; n°43 en 1818, donc une année avant la soutenance de sa thèse à Vilna). Existe t-il des souvenirs des échanges d’Eichwald avec le MNHN ? La Bibliothèque Centrale du Muséum conserve sa correspondance avec le mycologue Joseph-Henri Léveillé (1796-1870) et une lettre adressée à Henri Milne-Edwards (1800-1885), un éminent zoologiste qui a probablement connu Eichwald durant ses études à Paris. La bibliothèque de l’Institut de France conserve sa correspondance avec Joseph Decaisne (1807-1882), botaniste et jardinier du Muséum. Toutes ces lettres traitent de publications, de livres et d’échanges de spécimens botaniques, zoologiques et paléontologiques, dont par exemple des plantes fossiles demandées par Adolphe-Théodore Brongniart (1801-1876), professeur au Muséum et auteur de «Histoire des végétaux fossiles» (1828–37). Le nom de Friedrich Ludwig Fischer (1782-1854), proche collaborateur d’Eichwald et directeur du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, apparaît souvent dans la correspondance. La copie manuscrite conservée au MNHN, de la main de Franz Pruner - dit Pruner-Bey (1802-1882, éminent orientaliste, médecin et anthropologue et président de la Société d’Anthropologie de Paris) du travail d’Eichwald «Sur la faune mammifère de la molasse nouvelle dans la Russie méridionale et sur l’époque préhistorique de la terre qui s’y rattache» ainsi que son manuscrit «Sur une inscription scythique trouvée dans le gouvernement de Perm de l'Oural, avec deux figures» prouve l’important apport de ce naturaliste balte à l’anthropologie et l’archéologie de la Russie. Pour en savoir plus, contacter Piotr Daszkiewicz, historien des sciences, Muséum national d’histoire naturelle à Paris :

piotrdas@mnhn.fr

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