Stanislas Gilibert (1780-1870), filleul du dernier roi de Pologne et grand-duc de Lituanie
En signe de reconnaissance et d’amitié, Stanislas Auguste Poniatowski accepta être le parrain du fils – né en Lituanie – du grand naturaliste français Jean-Emmanuel Gilibert. En honneur de son prestigieux parrain, l’enfant reçut les prénoms de Stanislas Auguste. Les trois premières années de sa vie, il les passa dans le grand-duché où, comme remarque A. Lacour, auteur de sa notice nécrologique, "il reçut une éducation aussi libéral que complète dont il conserva l’empreinte toute la vie". Suivant la tradition familiale, Stanislas termina ses études de médecine à Montpellier. Il suivit également l’enseignement de Jean-Baptiste Lamarck au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Son père s’opposa cependant à son projet de partir – en qualité d’aspirant de marine – en expédition à Saint-Domingue. Il rejoignit donc le service des ambulances de l’armée d’Italie ou il tomba malade du typhus.
Passionné de sciences naturelles, il fut conservateur du cabinet d’Histoire naturelle de Lyon durant quelques années et y enseigna la géologie. En 1816, deux ans après la mort de son père, il offrit ses manuscrits dont Sur les forêts de Lithuanie à l’Académie de Lyon. Médecin réputé, il fut l’auteur de plusieurs publications scientifiques dont une Monographie du pemphigus et un Traité de la maladie vésiculaire. Stanislas Gilibert était aussi un grand connaisseur et collectionneur de peinture. Le Catalogue des tableaux anciens des divers écoles composant le cabinet de feu le Dr. Stanislas Gilibert montre qu’il possédait de nombreux tableaux d’une valeur inestimable, dont des œuvres de Rembrandt, Rubens, Dürer, Vernet et Poussin.
Il s’intéressa à la politique et participa à la révolution de 1830, en refusant néanmoins de devenir maire de Lyon. Il accepta cependant le poste du directeur des hospices de la ville. Lacour rappelle que "Gilibert était toujours passionné pour la nation qui lui avait donné le jour. Après la chute de Varsovie et le refus formel du gouvernement français de secourir les Polonais aux abois, il conçut un tel chagrin qu’il prit la résolution de renoncer définitivement à la vie publique et de se dévouer entièrement à la médecine". Un petit livret, La Pologne en 1831 : chant héroique dédié à M. Stanislas Gilibert, témoigne de son engagement en faveur de la Lituanie et de la Pologne. Il légua sa fortune à l’école de la Martinière à Lyon. Après sa mort, ses herbiers, manuscrits et lettres ont été vendus et leur trace est aujourd’hui perdue.
Pendant l’entre-deux-guerres, deux chercheurs lyonnais, M. Lannois et J. Guiart, cherchèrent la célèbre médaille éditée par Stanislas Auguste Poniatowski en honneur de Onufry Orlowski qui sauva Gilibert de la tentative d’empoisonnement. Parmi les affaires de Stanislas Gilibert à l’Ecole de la Martinière, ils trouvèrent une boite en bois de thuya ornée d’une miniature en ivoire avec une médaille portant la mention Stanislas-Auguste par la grâce de Dieu Roi de Pologne Grand-Duc de Lituanie et entourée de deux petits génies dont l’un veut cacher ce que l’autre découvre ; au-dessus, l’inscription semi-circulaire : Modestia tegit - detegit Amicitia (Ce que la modestie cache, l’amitié le découvre) et en exergue : Monumentum pro vita servata J. Giliberti.
Pour en savoir plus, contacter Piotr Daszkiewicz
piotrdas@mnhn.fr
Libellés : Daszkiewicz, Gilibert, nature/3, science/3
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