26 octobre 2007

Les Bolcheviks de 1917 bénéficiaient du soutien de groupes financiers américains

Dans son numéro daté de septembre-octobre 2007 consacré à "1917 : L’année fatale", le bimensuel La Nouvelle Revue d’Histoire insiste sur le jeu trouble qu’ont joué les Etats-Unis et la finance new-yorkaise en faveur du régime bolchevik naissant. Si le rôle de l’Allemagne dans la déstabilisation de son ennemi russe est bien connu (les subsides de plusieurs dizaines de millions de marks provenant du Trésor impérial versés entre 1915 et 1917 par l’intermédiaire de l’agitateur Alexandre Israël Helphand -dit Parvus- et transitant par Jacob Ganetski, l’agent de Lénine à Stockholm, ou l’épisode du wagon "plombé" de mars 1917 qui permit au Haut-commandement des armées allemandes d'expédier Lénine et Zinoviev -alors bloqués en Suisse- "comme le bacille de la peste" en Russie), celui des Américains a longtemps était occulté. Aymeric Chauprade écrit ainsi : "alors que sur la scène de l’histoire d’immenses masses humaines s’autodétruisent, en coulisses, autour du président américain Wilson et du gouvernement anglais, un petit nombre d’hommes oriente les décisions. Très présents dans les biographies et mémoires des hommes de pouvoir du XXe siècle, ces personnages qui appartiennent souvent à la haute finance restent absents de l’histoire enseignée". Ces "hommes du président" visent à "faire de l’Amérique le moteur d’une nouvelle mondialisation, ce qui implique de rompre avec l’ancienne règle de l’équilibre des puissances et de réorganiser la géopolitique mondiale autour de la finance anglo-américaine dont ils sont eux-mêmes le cœur". Comme l’écrit à l'époque le conseiller personnel du président Wilson, Edward M. House, "si l’Allemagne gagne, l’Europe vivra sous le joug du militarisme germanique. Si les Alliées triomphent, c’est l’hégémonie russe sur le continent européen. Il faut donc torpiller à la fois la puissance germanique et la puissance russe". Ainsi, trois des plus importantes banques new-yorkaises, la Kuhn Loeb and Co (associée aux Warburg), la J.-P Morgan (liée aux Rothschild de Londres) et la National City (la banque des Rockfeller) vont concentrer leurs efforts : campagne de presse aux Etats-Unis en faveur d'une intervention américaine dans le conflit, crédits militaires ouverts à la Grande-Bretagne et à la France, dénonciation des accords commerciaux avec la Russie, financement de la révolution bolchevik. En mars 1917, Léon Trotski, alors réfugié aux Etats-Unis, cherche à embarquer pour rejoindre Lénine en Russie. Grâce à l’intervention d'Edward House et de la Kuhn Loeb and Co, Trotski obtient en mai le droit de partir avec plus de 250 camarades révolutionnaires (dont Nikolaï Boukharine, le futur rédacteur en chef de la Pravda) et d’énormes fonds pour Petrograd. Rappelons que Trotski, né Lev Davidovitch Bronstein, joua un rôle essentiel dans la mise en place du pouvoir bolchevik (portrait officiel en illustration). Premier Commissaire du peuple aux Affaires étrangères de la Russie soviétique, il sera le principal négociateur du traité de Brest-Litovsk, qui permit l'indépendance de la Pologne, de la Lituanie, de la Lettonie, de l'Estonie, de la Finlande et, provisoirement, de l'Ukraine. Puis Commissaire du peuple à la Guerre, il fondera l’Armée rouge qui jouera un rôle décisif dans la guerre civile. Créateur en juin 1918 des premiers camps de concentration soviétiques (les konslagers), Trotski dirigera la répression contre les premières insurrections paysannes et contribuera indirectement aux grandes famines des années 20 et 30. En provenance des Etats-Unis, d’autres sommes viendront alimenter les caisses des Bolcheviks, transitant par Oslo et Stockholm vers la Banque sibérienne de Petrograd. En 1922, Lénine, reconnaissant des aides apportés, fit rembourser par l’Etat russe de l’ordre de 450 millions de dollars en faveur de la Kuhn Loeb and Co. Il offrit également le monopole des échanges commerciaux pour plusieurs secteurs très profitables (céréales, métaux, fourrure, pierres précieuses, etc.) à des sociétés américaines par le biais d’un intermédiaire exclusif, Armand Hammer, homme d’affaires new-yorkais surnommé le "milliardaire rouge".
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