27 mai 2020

Carl Muyschel, un des trois disciples de L.H Bojanus


Les recherches que le Cercle d’histoire Alsace-Lituanie mène depuis plusieurs années sur la vie et l’œuvre scientifique du grand naturaliste L.H. Bojanus (1776-1827) l’ont conduit à s’intéresser aux élèves du savant alsacien quand il fut professeur de médecine vétérinaire et d’anatomie comparée à l’Université de Vilnius. Carl Muyschel (1799-1843), aussi orthographié Karolis Muišelis ou Karol Mujschel, fut un d’eux. Bojanus le désigna comme l’un de ses successeurs – avec Adam Ferdynand Adamowicz (1802-1881) et Fortunat Jurewicz (1801-1828) – à la chaire de l’université. Bien que Muyschel ait marqué de son empreinte l’histoire des sciences vétérinaires et de l’anatomie, il n’existe pas de biographie contemporaine de ce scientifique. Les articles biographiques le concernant datent du XIXe siècle, dont le plus complet a été écrit en polonais par Edward Ostrowski, un des élèves de Muyschel à Vilnius, devenu directeur de l’École vétérinaire de Varsovie.
Carl Muyschel est né à Riga le 22 février 1799 dans une famille germano-balte protestante. Son père s’établit ensuite en Lituanie, dans les environs de Trakai. La famille l’envoya faire ses études secondaires à Dorpat (actuellement Tartu) où il se forma sous la direction notamment de deux philologues très respectés à l’époque, Karl Ludwig Struve (1785-1838) et Friedrich Rambach (1767-1826). En 1818, Muyschel vint à Vilnius pour y étudier la médecine où il suivra notamment les cours de Bojanus. On signalera qu’à côté de ses études, il écrivit des poèmes en allemand en s’inspirant d’anciennes légendes lituaniennes. Alors qu’il achevait son cursus d’études, Bojanus lui proposa continuer sa formation en sciences vétérinaires et en zoologie. Durant cinq ans, Bojanus forma ses successeurs. Tous les jours (et parfois les nuits), il présida les dissections de divers animaux et organes. Il leur enseigna l’anatomie comparée mais aussi l’anatomie des plantes. À partir de 1823, ces trois élèves prirent le relais du maître et commencèrent à enseigner à leur tour à l’université. Muyschel prit également soin d’enrichir la collection du cabinet anatomique et zoologique de Bojanus, dont la célèbre collection de vers intestinaux. En 1829, il obtint son doctorat en soutenant une thèse sur les muscles des chevaux intitulée Synonymia myologica equini generis. Grâce à un subside de l’université, il fit un voyage scientifique à travers l’Europe qui lui permit de visiter plusieurs grands centres modèles d’élevage de chevaux et haras modèles en Allemagne (Berlin, Dresde, Munich), au Danemark, en Italie, en Suisse, en Angleterre et en Autriche. Il revint à Vilnius en 1831 où il continua à enseigner l’anatomie et la chirurgie des animaux. Il y organisait les travaux pratiques vétérinaires et participa à l’ouverture des cliniques pour animaux de l’université. Lors de ses leçons, il s’appuyait notamment sur le Cours d'hippiatrique (1772) de Philippe Etienne Lafosse (1748-1820) [illustration ci-jointe]. Il devint à cette époque membre de la Société de médecine de Vilnius. Il reçut également une importante récompense financière (1000 roubles) pour ses mérites dans la valorisation du cabinet anatomique créé par Bojanus. Il inventa plusieurs outils chirurgicaux qui furent longtemps utilisés par les vétérinaires. Quand le pouvoir tsariste décida de fermer l’université de Vilnius en 1832, Muyschel souhaita arrêter sa carrière académique et s’établir à son propre compte dans son domaine en qualité de médecin et vétérinaire. Cependant, il accepta de continuer à enseigner à l’Académie vétérinaire de Vilnius que les autorités russes avaient accepté de maintenir durant un certain temps comme école professionnelle. En 1838, il publia à Vilnius une étude sur les progrès des sciences vétérinaires durant la période 1825-1836. En 1842, quand l’Académie vétérinaire fut à son tour fermée, Muyschel décida de pratiquer à la campagne. Un an plus tard, lors d'une épidémie de typhus, il se dévoua à l’aide à la population frappée par le fléau. Il mourut de cette maladie qu’il avait sans doute contractée en portant son aide aux malades.
Pour en savoir plus : Piotr Daszkiewicz, piotr.daszkiewicz@mnhn.fr

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