30 décembre 2024

Seweryn Gross, de la Lituanie insurgée au Cap de Bonne Espérance

Seweryn Gross était un propriétaire terrien à Krėpštai, près Telšiai en Samogitie, région du nord-ouest de la Lituanie. C’était un naturaliste passionné. Il participa aussi activement à l’insurrection polono-lituanienne de 1863 contre l’occupation russe en créant une unité d’insurgés connue sous le nom d’Aleksandrajtis. Composée de 400 hommes, l’unité combattit les Russes en juin dans les marais près de Draginiai, où de nombreux soldats russes périrent noyés, alors que les insurgés ne perdirent que 7 tués et 6 blessés. Après cette victoire, l'unité de Gross se dirigea vers Šiauliai, où, face à une puissante contre-offensive russe, elle se désintégra près du village de Papilė. Après cette défaite, Gross fut activement recherché par les Russes. Grâce à l’aide d’un commerçant juif, il embarqua à Liepāja sur un bateau anglais transportant du blé. Comme de nombreux réfugiés polono-lituaniens, il arriva en France via Londres.

Parallèlement, le directeur du cabinet zoologique de Varsovie Władysław Taczanowski arriva en France en 1866 pour participer à une expédition scientifique en Algérie. Pour la première fois depuis 1863, il pouvait enfin entretenir des correspondances sans la surveillance de la police et de la censure russes. Il envoya trois lettres à son compatriote naturaliste Konstanty Jelski qui explorait la Guyane française. Grâce à Konstanty Gorski, zoologiste de Varsovie originaire de Samogitie, il peut l’informer que Gross avait été engagé par la Maison Verreaux, une de plus importantes entreprises de commerce d’objets d’histoire naturelle. Les frères Verreaux avaient de nombreux collaborateurs originaires de Pologne et de Lituanie. Taczanowski écrivit que Seweryn Gross faisait partie de l’expédition en Afrique du Sud. Malheureusement, Gross s’y noya lors une chasse scientifique aux phoques, au large du Cap de Bonne Espérance. Taczanowski informa la famille de Gross de la tragédie et lui transmis de la part de Verreaux une alliance de mariage, seul souvenir de ce naturaliste.

Pour en savoir plus, contact : Piotr Daszkiewicz, du Muséum national d’histoire naturelle à Paris :
piotrdas@mnhn.fr

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27 octobre 2009

La Lituanie vue par Marianne Werefkin

En Lituanie, le nom de Werefkin est aujourd’hui inconnu ; on n’y trouve aucune de ses œuvres dans les musées ou collections privées. Pourtant la Lituanie, alors province de la Russie tsariste, a tenu une place importante dans la vie et l’œuvre de Marianne Werefkin (1860-1938), une artiste peintre ayant appartenu au groupe d’inspiration expressionniste "Der Blaue Reiter" (avec notamment Wassily Kandinsky, August Macke, Franz Marc, Alexej von Jawlensky, Gabriele Münter, Paul Klee). Bien qu’établie alors à Munich, Marianne Werefkin retournait souvent en Lituanie qu’elle considérait comme sa patrie. Sa famille y possédait le domaine de Blagodat, sur le ban de la commune de Vyžuonos (Vizhunelki) près d’Utena. Elle y peignit de nombreux tableaux, dans la campagne de Haute Lituanie, à Vilnius ou à Kaunas, aux titres explicites : Ville en Lituanie, Eglise Ste-Anne-Wilna, Poste de police-Wilna [photo], Eglise à Kowno, La Montagne Verte-Kowno. Aujourd’hui, la plupart de ses œuvres sont conservées au Museo comunale d’arte moderna d’Ascona (Suisse) où elle est enterrée, à la Städtische Galerie im Lenbachhaus à Munich (Allemagne), au Bohusläns Museum d’Uddevalla (Suède), ainsi que dans des collections privées en Russie et aux Etats-Unis.
http://www.cahiers-lituaniens.org/

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25 septembre 2009

Ressentiment Lituanie-Russie. Et la France ?

En Lituanie, la forte rancœur actuelle à l’égard de la Russie, qui se nourrit du douloureux passé récent, celui des décennies de l'annexion tsariste puis soviétique, étonne parfois les Français, qui - pourtant - pour des raisons différentes, ne sont généralement pas tendres non plus à l’égard des Russes. Dans une interview accordée au quotidien Les Echos, le 21 août dernier, et intitulée "Les périodes de crise créent du ressentiment", l’universitaire français Marc Ferro, spécialiste de la Russie, l’explique ainsi : "Qui parle des avions russes au Salon du Bourget ? Qui parle de la mode russe ? Nous avons toujours une image systématiquement négative de ce pays. Il n'y a pas de pays plus russophobe que la France, et cela se comprend parfaitement. La droite a eu très peur depuis 1917. Mais la gauche, c'est pire. La Russie a fait tomber toutes ses illusions. C'était un modèle. La désillusion crée du ressentiment. Si la Russie se redressait au temps de Poutine, ce serait encore plus humiliant. Cette russophobie française ne se retrouve pas en Angleterre ou aux Etats-Unis parce qu'ils n'ont pas eu de parti communiste fort. Je précise que je ne suis pas russe et que je n'ai jamais été communiste. Mais je trouve qu'on sous-évalue toujours la créativité et le niveau culturel des Russes."
http://www.lesechos.fr/

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02 août 2009

Un journaliste russe interdit d'entrée en Lituanie

Le 30 juillet 2009, Modest Kolerov, rédacteur en chef du portail d'informations russe Regnum et ancien conseiller de Vladimir Poutine, a été interdit d'entrée en Lituanie au poste de contrôle de Kena, à la frontière entre la Lituanie et la Biélorussie, et obligé de descendre du train, a indiqué la police des frontières lituanienne. Il possédait pourtant un visa l'autorisant à pénétrer dans l'espace européen de Schengen, y compris en Lituanie. Ce visa lui avait été délivré par l'ambassade de Pologne à Moscou. Un porte-parole du ministère lituanien des Affaires étrangères a déclaré que M. Kolerov figurait sur la liste – non publique - des personnes interdites de séjour en Lituanie et a refusé de commenter la situation. M. Kolerov, à qui les gardes-frontières avaient refusé d'expliquer les raisons du refus d’entrée, pense avoir été mis sur cette liste à cause de ses écrits journalistiques. Le rédacteur en chef de Regnum se rendait à Vilnius à l'invitation du journal lituanien de langue polonaise Litovski Kurier pour prendre part à une table ronde de discussion consacrée aux relations russo-lituaniennes.
http://fr.rian.ru/

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12 juillet 2009

Dalia Grybauskaite : respecter la Russie

"La Lituanie et la Russie finiront par trouver une forme optimale de coopération", a espéré la nouvelle présidente de Lituanie, Dalia Grybauskaitė, qui remplace dans cette fonction Valdas Adamkus et dont l'investiture se déroule ce 12 juillet 2009. "La rhétorique politique de la Lituanie à l'égard de ses voisins, dont la Russie, a été trop dure. Je pense qu'elle ne se répètera plus", a-t-elle expliqué dans un entretien accordé à RIA Novosti. "J'espère que nous saurons trouver une forme de dialogue qui permettra aux deux pays de se respecter et d'aborder enfin une coopération mutuellement avantageuse". Pour Dalia Grybauskaite, l'histoire, que chacun des pays interprète à sa manière, "engendre une multitude de controverses douloureuses. Il est parfaitement évident pour moi qu'il y a des événements historiques qu'on ne saurait oublier ou rejeter avec légèreté, tant en Russie qu'en Lituanie. Mais l'histoire est toujours l'histoire. Il faut vivre le jour présent et penser à l'avenir, non pas au passé". L'essentiel, pour elle, est de se mettre d'accord sur ce point. "Nous autres Lituaniens devons aussi respecter votre histoire et il faut que le thème du passé soit moins exploité", a-t-elle souligné.
http://fr.rian.ru/

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06 mai 2009

Vient de paraître : Les pays baltes en quête de sécurité

Les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), après leur brutale incorporation à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à l’Union soviétique, ont regagné, à un moment où cette dernière agonisait, leur indépendance et leur souveraineté. Depuis, en croisant le fer régulièrement avec une Russie hostile à leur diplomatie atlantique tous azimuts et en soutenant, tout aussi fréquemment, les pays occidentaux, et en premier lieu les États-Unis, ils ont voulu démontrer que leur objectif était de quitter, une fois pour toutes, l’orbite russe tout en garantissant leur positionnement, à perpétuelle demeure, à l’Ouest. Cette stratégie, néanmoins, ne fut pas exempte d’ambiguïtés. À force de classifier les trois pays dans une catégorie homogène, on en oublierait presque l’opportunisme dont a pu faire preuve chacun d’eux qui, lorsque ses intérêts l’exigeaient, a préféré arracher aux capitales occidentales des garanties que les deux autres ne pouvaient obtenir. Leur dénominateur commun, finalement, est moins de partager une identité similaire autour d’un label "balte" que d’avoir un positionnement géostratégique contraignant et d’avoir utilisé une identité opportunément construite pour conjurer cette contrainte. Cette stratégie a été couronnée de succès puisqu’elle a débouché sur leur intégration à l’Ouest par le jeu de leur double adhésion à l’OTAN et à l’UE. Le livre qui vient paraître sur ce sujet est signé Matthieu Chillaud, docteur en science politique (Bordeaux IV). Spécialiste des questions stratégiques en Europe septentrionale, il enseigne à l’Institut d’Études administratives et politiques de l’Université de Tartu (Estonie). Il a été Attaché temporaire d’Enseignement et de Recherche (ATER) à l’Université Bordeaux IV et chercheur-invité au SIPRI. "Les pays baltes en quête de sécurité", Matthieu Chillaud, Editions Économica, Paris, 2009, 300 pages, 29 euros.
http://www.economica.fr/

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06 septembre 2008

Medvedev raille les "douleurs fantômes" des pays baltes, Volker les rassure

Le président russe Dmitri Medvedev a ironisé le 3 septembre à Sotchi sur les "douleurs fantômes" des pays baltes qui n'en finissent pas de se plaindre des menaces émanant de Moscou. "Pour ce qui concerne les pays baltes, ils semblent souffrir de douleurs fantômes, car personne ne les menace. C'est tout simplement un moyen de maintenir en ébullition les élites politiques", a-t-il constaté dans une interview accordée à la chaîne de télévision italienne RAI. "Nous ne répondrons aux préoccupations de personne tant qu'on ne réagira pas à nos propres préoccupations qui concernent l'élargissement de l'Otan et l'accumulation d'armements autour de la Russie", a indiqué M. Medvedev, interrogé sur les inquiétudes des pays voisins au lendemain conflit en Géorgie. Dans le même temps, l'ambassadeur américain à l'Otan, Kurt Volker, déclarait à Bruxelles que l'Alliance atlantique devait afficher sa détermination à défendre les pays baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie, contre toute intervention de la Russie. Cité par le Financial Times, il a précisé que les 26 Etats membres de l'Otan doivent montrer leur volonté en ayant recours à des "manoeuvres d'entraînement". "Ces pays sont membres de l'Otan. En conséquence, si une agression est commise contre ces pays, nous devrons répondre", explique Volker. Et d'ajouter: "Les Etats baltes éprouvent des inquiétudes à voir la Russie utiliser la force militaire pour envahir un petit Etat voisin. Nous devons envoyer un signal pour les rassurer".
http://www.rai.it/
http://www.ft.com/

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29 août 2008

Russie-Georgie : interrogations et inquiétudes en Lituanie

Au sein de la classe dirigeante de Lituanie qui a presque unanimement condamné la reconnaissance par la Russie de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, les propos de l’ancien ministre lituanien des Affaires étrangères Povilas Gilis au quotidien Respublika ont retenti en Lituanie comme une fausse note. Selon lui, la Lituanie est devenue l'instrument de la politique d'un Etat étranger. "La Lituanie a trop investi dans le président géorgien Saakachvili, dont le pays n'est pas aussi innocent qu'on essaie parfois de nous le faire croire. Le gouvernement lituanien ne conduit malheureusement pas sa propre politique étrangère ; il se comporte comme un régime fantoche au service d’un pouvoir étranger plus fort. Toute cette situation rappelle fort l'époque de la guerre froide, lorsque les confrontations entre les Etats-Unis et l'URSS ne se déroulaient pas directement entre eux, mais par l’intermédiaire de pays du "tiers monde", en Afrique, en Amérique latine ou en Asie". Par ailleurs, plusieurs experts économiques de Lituanie commencent à exprimer aussi leurs inquiétudes quant aux éventuelles conséquences négatives qui pourraient découler de la position des dirigeants lituaniens sur le conflit en Transcaucasie. "L'aide inconditionnelle apportée par la Lituanie à la Géorgie place les entreprises de notre pays dans une situation peu enviable en Russie. De la restriction de l'importation de produits alimentaires à la fermeture du "robinet" gazier, voici ce que pourrait coûter à la Lituanie le fait d'avoir critiqué systématiquement la Russie lors de ce conflit."
http://www.respublika.lt/

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11 août 2008

Ossétie du Sud : réactions croisées de Lituanie et de France

Concernant la riposte russe au coup de force de la Georgie contre l’Ossétie du Sud, le président de Lituanie Valdas Adamkus s’est associé à ses homologues d'Estonie, Lettonie et Pologne dans une déclaration commune pour appeler l'Union européenne et l'OTAN à agir contre "la propagation de la politique impérialiste et révisionniste de la Russie dans l'est de l'Europe". Par ailleurs, le ministre lituanien des Affaires étrangères Petras Vaitekunas, qui s'est rendu en Géorgie (mais pas en Ossétie), a estimé quant à lui que la Russie avait franchi "toutes les lignes rouges" en pénétrant sur le territoire géorgien, évoquant "des éléments visibles d'agression et de violation choquante de lois internationales avec de graves conséquences pour la stabilité et la sécurité régionale et euro-atlantique". Face à ces propos, le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner, qui préside le Conseil des ministres de l’Union européenne, a regretté toute surenchère et rappelé que la France propose un "plan de sortie de crise" fondé sur "trois principes : cessation immédiate des hostilités ; retrait des forces sur leurs positions antérieures à celles du 6 août, assorti de formules d'accompagnement international ; respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Géorgie". Intégrité territoriale couverte par le droit international qui ne fut pourtant pas été respecté par les pays occidentaux dans le cas du Kosovo dont la plupart ont reconnu unilatéralement l'indépendance au printemps dernier, alors que toutes les résolutions de l'ONU avaient toujours affirmé la souveraineté de la Serbie sur ce territoire !
http://www.afp.com/

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07 août 2008

Soljenitsyne et la Lituanie

Dès l’annonce du décès du grand écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, intervenu le 3 août 2008, le président Valdas Adamkus a présenté ses condoléances à la famille de l'écrivain et au peuple de Russie, en son nom et en celui de tous les Lituaniens. "La personnalité d’Alexandre Soljenitsyne a laissé une empreinte profonde dans l’histoire de la Russie et de l’Europe toute entière et est devenue le symbole de la lutte pour la liberté et l’humanité", a affirmé le président de Lituanie. Auteur d’une œuvre immense, Prix Nobel de littérature en 1970, Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne est surtout connu comme dissident d’un régime totalitaire dont a également souffert la Lituanie. Dans sa Lettre aux dirigeants soviétiques de 1974, Soljenitsyne adjura la clique brejnévienne au pouvoir à renoncer à toute politique impériale ("retirer les troupes d'Europe orientale, ne maintenir par la force, à l'intérieur de nos frontières, aucune des nations limitrophes"). Il s'efforça aussi de contrer un certain discours russophobe en Occident qui laissait croire que communiste et Russie étaient étroitement liés. A côté de grand monuments comme L’Archipel du Goulag ou La Roue rouge consacrés à la dictature communiste, l’écrivain s’est aussi attaché, dans Deux Siècles ensemble (1795-1972), à l’histoire commune des Russes et des Juifs en Russie où ses derniers émigrèrent de Pologne et de Lituanie, après l’annexion de ces deux pays par la Russie en 1795.
http://www.president.lt/
http://www.fayard.fr/

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01 mai 2008

UE-Russie : la Lituanie bloque les négociations

Lors du dernier Conseil des Affaires générales et Relations extérieures de l'Union européenne à Luxembourg, les ministres de Vingt-Sept n'ont pas réussi à convaincre la Lituanie de donner son feu vert au lancement de négociations avec Moscou sur un Accord de partenariat et de coopération (APC), prévu en juin en Sibérie. Dès son arrivée à Luxembourg le 29 avril, le chef de la diplomatie lituanienne Petras Vaitiekunas avait répété que son pays "n'était pas satisfait à l'heure actuelle" des objectifs que s'est fixé l'Union européenne pour lancer des négociations sur ce partenariat UE-Russie. La Lituanie exige en effet de voir ajouter une déclaration soulignant que Moscou devra reprendre les livraisons de pétrole par l'oléoduc Droujba à sa raffinerie de Mažeikiai, dédommager les déportés des pays baltes et contribuer à régler les conflits gelés en Géorgie. Le précédent accord de partenariat et de coopération entre la Russie et l'UE avait expiré en décembre 2007, alors que la signature d'un nouvel APC a été reporté à cause de divergences entre Varsovie et Moscou liées au problème des exportations de viande polonaise vers la Russie. Après la levée du veto polonais, la Lituanie est aujourd’hui l'unique Etat qui pose des conditions préalables à l'adoption du projet d'APC. Pour certains observateurs, en bloquant ainsi le lancement de négociations importantes pour les grands Etats de l’UE qui sont par ailleurs les principaux contributeurs des aides européennes à la Lituanie (même si ce n'est que temporairement afin d'obtenir des concessions dans d'autres domaines tel qu'une prolongation de la mise en service de la centrale d'Ignalina), le gouvernement de Vilnius prend le risque de se marginaliser dans le processus décisionnel européen.
http://www.mfa.lt/

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23 janvier 2008

Lituanie : surenchère antirusse ou pont entre les cultures ?

Dès le mois de décembre dernier, la presse lituanienne craignait une surenchère électoraliste contre le "grand voisin" russe pour le début de l’année. Ainsi, "à l'approche des élections à la Diète, tous les partis politiques vont généreusement dispenser leurs conseils et promesses. Les conservateurs n'y feront pas exception. Désireux de s'attirer le plus de voix possible, ils se serviront de leur "dada antirusse". Pas besoin d'être oracle pour deviner que cela ne fera que détériorer encore davantage les rapports déjà mauvais entre la Lituanie et la Russie. Vilnius n'en retirera aucun avantage. Seuls les "faucons" de Vladimir Poutine y gagneront" (Respublika, 07.12.2007). "Les conservateurs parlent de la tendance antioccidentale de la politique étrangère russe et y voient une menace pour la Lituanie. Or, Vilnius ne tirera aucun avantage d'une confrontation avec Moscou et nous devons reconnaître que nous n’avons aucune stratégie définie dans nos rapports avec la Russie" (Lietuvos Rytas, 10.12.2007). Il convient de reconnaître que cette attitude n’est guère éloignée de celle de l’Occident, qui est aujourd’hui beaucoup plus sévère envers la Russie qu’elle ne l’était dans le passé envers l’URSS ou la Chine communiste. Pour l’universitaire français Georges Nivat, l’Europe occidentale ne cesse tout à la fois de mépriser et de craindre la Russie. Selon lui, cette attitude a un réel impact en Russie. "L’opinion publique russe sent qu’on lui tourne le dos et qu’on la caricature, déplore-t-il. Elle réagit par un nationalisme de nostalgie. L’Europe, elle, ignore tout de la vraie trame de la vie russe. Par conséquent, la Russie balance entre son attraction pour l’Europe et la vitalité asiatique, notamment chinoise." Ne serait-il donc pas plutôt de l’intérêt d’un pays voisin comme la Lituanie de contribuer à la fin de l’isolement de la Russie par rapport au reste de l'Europe et de tenter d’édifier ainsi des ponts entre "les deux poumons de l’Europe, le poumon oriental, orthodoxe, essentiellement russe, et le poumon occidental (G. Nivat) ?"
http://www.respublika.lt/
http://www.lrytas.lt/

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11 janvier 2008

La question de l'indemnisation de "l'occupation soviétique"

Lors de son discours aux diplomates lituaniens réunis le 7 janvier à Vilnius, le président de la République Valdas Adamkus a à nouveau soulevé la question de l'indemnisation par la Russie des dommages causés lors de "l'occupation soviétique" des années 1940-41 et 1945-91, et a même évoqué la somme de 28 milliards de dollars (soit l'équivalent du PIB de la Lituanie en 2006). Cette question a été soulevée par les dirigeants lituaniens dès le début des années 1990. En automne 2000, le président Adamkus avait déjà défini sa position sur ce problème en déclarant que l'indemnisation était une question de maturité et de bonne volonté politique pour la Russie, et que par conséquent la Lituanie n'avait aucune intention d'en appeler aux organes juridiques internationaux. Désormais, il fait de cette exigence l'un des objectifs prioritaires de la politique extérieure du pays pour 2008. Certes, aujourd’hui, plus aucun Etat, y compris la Russie, ne conteste que la Lituanie ait été intégrée à l’URSS en 1940 contre la volonté de la majorité de sa population. Le pays s’était vu transformé en une "République socialiste soviétique de Lituanie" (LTSR en lituanien) à l’issue d’une manipulation pseudo-juridique concoctée par Staline, dans le cadre des clauses secrètes du Pacte germano-soviétique de 1939, ce qu’a reconnu la Russie en 1992 en tant qu’Etat héritier de l’URSS. La question est donc plutôt aujourd’hui de déterminer si, d’une part, du point de vue du droit international, il s’agit d’une occupation ou d’une annexion et si, d’autre part, il est de l’intérêt de la Lituanie d’exiger une indemnisation. Selon les experts interrogés par le quotidien moscovite Gazeta, les signes caractéristiques de cette période semblent clairement militer en faveur d’une annexion plutôt que d’une occupation. Le mode de désignation des organes du pouvoir a été le même pour toutes les républiques de l’URSS et les lois étaient fondées sur les mêmes principes, sans discrimination envers les citoyens de Lituanie. L'écrasante majorité des dirigeants de la RSS de Lituanie était d'ailleurs de nationalité lituanienne. Bien sûr, le régime soviétique n’était pas démocratique mais il était le même dans toutes les républiques. Les arrestations, les déportations massives en Sibérie ou les exécutions étaient fondées sur des critères idéologiques ou de discrimination sociale communs à toutes les républiques, et non sur des critères raciaux ou nationaux (contrairement aux pratiques de l’Allemagne hitlérienne). Par ailleurs, grâce aux accords négociés par l’URSS et toujours reconnus au niveau international, la superficie du pays a même été agrandie, avec le rattachement de la région de Vilnius en 1939-40 (arrachée à la Pologne) et de la région de Klaipeda en 1945 (arrachée à l’Allemagne), soit l’équivalent de 30% de son territoire en août 1939. Pour Alexeï Makarkine, directeur adjoint du Centre des technologies politiques de Moscou, "il est donc difficile de parler d'occupation. Et si l'on parle d'annexion, il faudrait alors faire le rapport entre les pertes et les profits pour les deux parties". Selon les statistiques soviétiques, la production industrielle en Lituanie a été multipliée par environ 85 sur la période 1940-1990, et la production agricole par 2,5. Le développement de l'économie lituanienne a de fait été subventionné par des livraisons de pétrole et de produits pétroliers à bas prix, principalement en provenance de la RSFSR (République socialiste fédérative soviétique de Russie - nom de la Fédération de Russie à l'époque soviétique). L'avantage tiré par la Lituanie de la participation aux échanges entre les républiques de l’URSS a été évalué par la Russie à 35 milliards de dollars. On le voit, exiger aujourd'hui une indemnisation pour cette période est un pari risqué pour la Lituanie.
http://www.president.lt/
http://www.gazeta.ru/

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28 décembre 2007

La Voix de la Russie interdite d’antenne en Lituanie

Le Comité international de protection de la liberté de la presse et des droits des journalistes a demandé que la Lituanie revoie sa décision sur l’interdiction de la retransmission de "La Voix de la Russie" par la station privée Baltijos bangų radijas, à Vilnius. Il est souligné que les programmes de "La Voix de la Russie" sont retransmis par des stations locales en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et dans d’autres pays, selon le principe de la liberté d’expression des médias.
http://alecoutedumonde.blogs.courrierinternational.com/
http://www.ruvr.ru/index.php?lng=fre

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04 octobre 2007

Povilas Gylys : pour une politique plus réaliste à l'égard de la Russie

Dans une interview accordée le 1er octobre 2007 au journal "Lietuvos žinios", l'ancien ministre lituanien des Affaires étrangères (1992-1996), Povilas Gylys, actuellement professeur à l'université de Vilnius, a critiqué la politique pratiquée par les dirigeants actuels de son pays à l'égard de la Russie. Selon lui, la diplomatie lituanienne n'arrive pas à établir les bonnes priorités et attache trop d'attention à des Etats qui n'ont pas d'importance stratégique pour la Lituanie. "J'ai parfois l'impression que nos élites politiques sont persuadées que la Lituanie est une superpuissance capable de modifier la situation géopolitique, sans même consulter les autres pays ni coopérer avec eux", écrit le journal, citant l'ancien ministre des Affaires étrangères. Il dénonce particulièrement le ton adopté par la Lituanie dans ses relations avec la Russie. "Il me semble parfois que notre culture politique manque de civilité. Ainsi, afin d'accréditer une image négative de la Russie au sein de notre population, nous réagissons de manière tout à fait honteuse aux attentats terroristes perpétrés dans ce pays", a-t-il affirmé. D'après M. Gylys, concernant le passé, il faut éviter d'accentuer les discordes historiques et tourner son regard vers l'avenir. D'autant que les relations lituano-polonaises offrent un excellent exemple de cette approche. Caractérisant le rôle de Valdas Adamkus dans la définition de la politique extérieure du pays, M. Gylys a critiqué "les tendances proaméricaines" du président lituanien. "Certes, les Etats-Unis sont un de nos plus importants partenaires, mais il ne faut pas oublier que le pouvoir n'y restera pas toujours le même. Des élections vont bientôt s'y dérouler, et avec l'arrivée des Démocrates au pouvoir, la politique extérieure du pays deviendra beaucoup plus souple. Je pense que les Etats-Unis chercheront à renforcer leur dialogue avec l'UE", a déclaré M. Gylys, avant d'ajouter que ce n'était pas l'Amérique qui soutenait financièrement la Lituanie, mais bien la vieille Europe. Il a également soutenu l'opinion de la commissaire européenne Dalia Grybauskaitė selon laquelle, c'est en Europe de l'Ouest qu'il faut chercher des alliés, et non pas en Géorgie ou en Moldavie.
http://www.lzinios.lt/

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04 juillet 2007

Poésie : soirée "Magnus Ducatus Poesis"

Le 5 juillet, à la veille du Jour de l'État qui commémore de couronnement du roi Mindaugas, se tiendra sur la place Daukanto la soirée internationale de poésie et de musique "Magnus Ducatus Poesis" (Grand-duché de la Poésie). Sur cette place près du Palais de la Présidence de la République de Lituanie résonneront des œuvres interprétées par des poètes et des musiciens lituaniens, lettons, polonais, biélorusses, ukrainiens et russes, qui rappelleront la composition multi-ethnique de l'ancien grand-duché de Lituanie. Les auditeurs entendront une improvisation musicale, rappelant l'époque de cet Etat - dont le nom complet était "Grand-duché de Lituanie, de Samogitie et de Ruthénie" - et exécutée avec des instruments populaires de la région par des musiciens bien connus dans leur pays, Mieczyslaw Litwinski (Pologne), Algirdas Klova (Lituanie), Todar Kachkurevitch (Biélorussie), Rūta et Valds Muktupavel (Lettonie). Des poèmes en différentes langues, lus par des poètes de diverses générations de Lituanie et des pays voisins, s'entremêleront à la musique. Les auditeurs écouteront la poésie d'Eugenijus Ališanka, Vladas Braziūnas, Vytautas Dekšnis, Antanas A. Jonynas, Birutė Jonuškaitė et Kornelijus Platelis (Lituanie), Georgij Jefremov (Lituanie/Russie), Uladzimer Arlov, Andreï Chadanovitch et Maria Martysevitch (Biélorussie), Barbara Gruszka-Zych (Pologne), Romuald Mieczkowski (Lituanie/Pologne), Andreï Bondar (Ukraine). A noter que la première soirée "Magnus Ducatus Poesis" a été organisée il y a un an à l'ambassade de la République de Lituanie à Minsk.
http://lt.wikipedia.org/wiki/Magnus_Ducatus_Poesis
http://vladas.braziunas.net/Magnus_Ducatus_Poesis

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22 mai 2007

Les positions antirusses de Kirkilas critiquées par des analystes lituaniens

Plusieurs analystes lituaniens désapprouvent la décision de leur Premier ministre Gediminas Kirkilas d'opposer, avec la Pologne, un veto au lancement des négociations sur l'Accord de partenariat et de coopération entre la Russie et l'Union européenne. "Je doute fort que notre comportement soit raisonnable. Cela dit, je ne pense pas à nos relations avec la Russie, mais à celles que nous entretenons avec les pays de l'Union européenne. Après les déclarations que nous avons faites, l'Europe nous regarde d'un oeil sceptique", a affirmé l'analyste politique Vladas Sirutavičius, dont les paroles ont été citées par la radio "Žiniu radijas". De son côté, l'historien Ceslovas Laurinavičius a déclaré sur la même radio que la Lituanie aurait mieux fait d'imiter l'exemple de l'Estonie qui avait simplement proposé de remettre ces négociations à plus tard. La position estonienne, a-t-il précisé, coïncide avec l'avis exprimé mardi dernier par Javier Solana, haut représentant de l'UE pour la politique extérieure et de sécurité. M. Laurinavičius conseille de ne pas oublier non plus les intérêts économiques du pays. Selon lui, il ne faut pas abuser du droit de veto si l'on veut être respecté par les autres. Pour l’Union européenne en effet, coopérer avec la Russie pour la rendre moins imprévisible est l’intérêt de tous. Encore faut-il traiter Moscou en véritable partenaire, en non avec la condescendance affichée par les Etats-Unis. C’est ce que cherchent à faire les Européens, malgré les réticences polonaises et lituaniennes.
http://www.cahiers-lituaniens.org/

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08 mai 2007

Romain Gary, un 8 Mai à Vilnius

Si l’on vous demande un autre nom pour Romain Gary, vous citerez certainement Emile Ajar, le pseudonyme sous lequel l’écrivain français a obtenu un deuxième Prix Goncourt. Pourtant, son vrai nom n’est ni l’un ni l’autre, mais Roman Kacew sous lequel il est né dans une famille juive le 8 mai 1914 à Vilnius, rue Basanavičiaus (photo). Ce n’est qu’à l’âge de 13 ans qu’il arriva en France. Il n’emporta pas avec lui une image très lituanienne de sa ville natale, étant lui-même russophone à l’époque, et citant toujours la ville sous son nom polonais de Wilno. Son souvenir est néanmoins perpétué à Vilnius par une plaque commémorative apposée au pied de l’immeuble où il est né, ainsi que par un café à deux pas qui porte son nom. La flamme du souvenir est également portée par le Club Romain Gary de Vilnius, présidé par Romas Ramanauskas, avec le soutien de l’association BalteLatino de Marseille, animée par Rasa Karoun.
http://www.baltelatino.com/
http://www.cahiers-lituaniens.org/

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26 novembre 2006

Se venger de son passé sur Moscou ?

Qu’est-ce qui pousse la Pologne, soutenu en cela par la Lituanie, à bloquer le mandat de la Commission européenne pour ouvrir des négociations avec la Russie sur un nouvel accord de base ? Selon Alexander Rahr (photo), le spécialiste de la Russie à la Société allemande de politique étrangère (DGAP), "la raison principale de la démarche de Varsovie est le désir des Polonais de faire connaître à l’Union européenne leur attitude envers la Russie". Le plus grand risque est que, si l’accord de coopération et de partenariat n’est pas reconduit, l’UE et la Russie vont être obligées de le réécrire. Cela signifie que chaque pays de l’UE devra le faire ratifier par son parlement et ce processus pourrait durer des années. Depuis le dernier élargissement, les pays de l’Union européenne divergent de plus en plus fréquemment sur le facteur Russie. Les vieux membres de l’UE, à savoir l’Allemagne et la France, préconisent une approche stratégique des relations avec la Russie. Mais, selon A. Rahr, certains nouveaux membres, qui ont eu des relations particulières avec elle par le passé, ont apporté dans l’Union leurs "vieux démons", des souvenirs et plaies encore ouvertes de l’époque soviétique, voire de celle de l’Empire russe du XIXe siècle, ainsi que leurs problèmes intérieurs, et cherchent maintenant à se venger de leur passé sur Moscou. Certains Etats est-européens se fixent pour objectif principal d’isoler la Russie, de la pousser plus loin à l’est, dans les bras de la Chine, de renoncer à la coopération russo-européenne. La Pologne veut à présent renoncer à l’alliance énergétique. Varsovie estime que l’Union européenne peut stopper la construction du gazoduc de la Baltique sur lequel se sont entendues la Russie et l’Allemagne. Pourtant, la Russie, elle, bâtit une politique suffisamment judicieuse et avantageuse à l’égard de l’Union européenne. L’effet du blocage polonais est que Vladimir Poutine parle désormais moins avec l’ensemble de l’UE et mène un dialogue bilatéral avec les pays qui sont prêts à accepter la coopération la plus étroite avec la Russie : l’Allemagne, la France, l’Italie, la République Tchèque et la Hongrie. Pour pérenniser le succès acquis, le président russe pourrait proposer sa coopération aux républiques baltes. Et se déplacer dans ces pays au moins une fois afin de renforcer les positions russes et obtenir davantage de confiance. Selon Vladimir Tchijov, représentant permanent de la Russie auprès de l’UE, "c’est une tentative de chantage, mais pas contre la Russie. Contre les autres membres de l’Union européenne. Nous ne voyons aucune raison de prendre des contre-mesures. C’est à l’Union européenne de statuer sur la décision de l’un ou de l’autre de ses membres".
http://www.dgap.org/fi/mitarbeiter/rahr.html

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04 novembre 2006

Aleksandras, roi et grand-duc, de la mer Baltique à la mer Noire

Pour le 500e anniversaire de la mort du souverain Aleksandras (Alexandre 1er Jagellon), qui fut grand-duc de Lituanie de 1492 à 1506 et roi de Pologne de 1501 à 1506, le Musée national de Lituanie organise dans sa section des arts appliqués, du 6 juillet 2006 au 7 juillet 2007, une exposition qui lui est entièrement consacrée. Né au château royal du Wavel à Cracovie, fils de Kazimieras Jogailaitis (Casimir Jagellon) et d’Elisabeth d'Autriche, le souverain lituanien épousa Helena, la fille du grand-duc de Moscou Ivan III. Il régna sur un territoire qui s’étendait de la mer Baltique à la mer Noire, englobant la quasi totalité des actuelles Lituanie, Pologne et Biélorussie, une grande partie de la Lettonie (Livonie, Latgale) et de l’Ukraine (Galicie, Polésie, Volhynie, Podolie, région de Kiev), ainsi que des régions occidentales de la Russie (Smolensk, Briansk), pendant que son frère, Ladislas, régnait sur la Hongrie et la Bohême. Pour l'opinion publique aujourd'hui en Pologne et en Lituanie, l'énorme Etat ainsi constitué au XVIe siècle était harmonieusement multinational, multiculturel et fondait ses composantes dans un idéal civique de liberté, d'égalité et de tolérance. Or, pour les historiens, cette expansion territoriale et l'occidentalisation des terres ruthènes qu'elle entraîna causèrent beaucoup de drames et d'erreurs. Ainsi, pour Daniel Beauvois, professeur d'histoire à la Sorbonne et grand spécialiste de cette période, "ces valeurs de liberté et d'égalité n'étaient qu'une logomachie car elles ne concernaient qu'une petite oligarchie nobiliaire. Elles étouffaient la bourgeoisie et maintenaient toute la paysannerie dans le servage. Les conversions d'orthodoxes vers le catholicisme creusèrent vite un abîme entre le peuple paysan (90% de la population) et ses maîtres, vite assimilés à des Polonais". L'annexion à partir du XVIIe siècle par la Russie des terres ruthènes de la Pologne-Lituanie a certes amplifié la complexité de leur situation ethno-religieuse qui reste encore aujourd'hui explosive, notamment en Ukraine.
http://www.ldm.lt/TDM/Alexander_en.htm
http://www.diploweb.com/forum/ukraine06112.htm
http://www.cahiers-lituaniens.org/

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